Passant par le magnifique village de Kamouraska, le 12 juillet en après-midi, c’est avec consternation que j’ai aperçu une pelle mécanique stationnée à côté d’une maison qui venait manifestement de subir les assauts de la machine en question. De la maison ancestrale ne restait plus qu’un amas de débris où l’on pouvait encore identifier revêtement, lambris et plinthes d’un autre âge.
Sise en plein centre du village, en face de l’ancien palais de justice devenu depuis le Centre d’art de Kamouraska, et près de la route menant au quai, cette maison emblématique n’ayant jamais subi d’altérations majeures s’imposait fièrement dans le paysage de Kamouraska du haut de son solage en pierres depuis bientôt 200 ans. Selon un ouvrage réalisé par de « Jeunes Chercheurs » paru en juin 1981 sous le titre Kamouraska Nos vieilles Maisons, il s’agit de la Maison Raymond construite vers 1820 et dont le premier propriétaire était Charles Taché, frère de Pascal Taché, premier seigneur de Kamouraska. Toujours selon les auteurs de l’étude en question, cette maison aurait notamment était la propriété de Joseph-Charles Taché à partir de 1850. Médecin, journaliste, homme politique, Joseph-Charles Taché était aussi un écrivain prolifique qui nous a laissé de nombreux essais et des recueils qui ont fait école tels Forestiers et voyageurs et Trois légendes de mon pays.
Bijou ancestral sis en plein coeur d’un des plus beaux villages du Québec, comment et pourquoi cette maison a-t-elle été démolie? Qui est responsable de cette ignominieuse destruction? Comment est-il possible en 2015 qu’une telle chose soit encore possible? Cette maison aurait pu servir de centre d’interprétation, témoin d’une architecture et d’une histoire qui remontent à près de 200 ans. À la rigueur, on aurait pu la déménager ou tout au moins en conserver les matériaux. Non. Elle, la belle, a été littéralement anéantie, en pleine période touristique, par une pelle mécanique.
Pierre Landry,
Saint-Alexandre-de-Kamouraska.
