Pour peu qu’il regarde vers les collines du Haut-Pays du Kamouraska, le voyageur qui roule sur la 20 à la hauteur de Saint-Pacôme verra apparaître dans la verdure de nos pentes de ski un immense poisson blanc qui, comme le saumon de la Ouelle, tente de remonter le courant.
C’est l’œuvre monumentale et éphémère d’Émilie Rondeau, une artiste bien connue du Kamouraska. Sans aucun doute, même si elle peut surprendre, « L’hiver en été » est une œuvre réussie.
Autrefois, on installait une croix à la croisée des chemins ou sur une montagne comme celle de Saint-Pacôme, éminent symbole d’une culture qui était la nôtre. Aujourd’hui, d’autres éléments symbolisent notre appartenance à un milieu, à un village, à un paysage. Sur les pentes de ski de Saint-Pacôme, Émilie Rondeau a réussi avec justesse, force et simplicité à imprimer dans le paysage des signes que tout Pacômois reconnaît. Une belle page de BD.
On peut facilement y projeter les enjeux auxquels se mesure notre village. Une pente de ski dont l’avenir est incertain, un poisson dont l’espèce est menacée, une ruralité en questionnement et même des hivers problématiques.
« L’hiver en été » témoigne des ultimes efforts pour sauver un patrimoine de cinquante ans. Mais c’est peut-être aussi une dernière page qui se tourne. Elle aura été remarquable!
Claudette Isabelle
Saint-Pacôme
