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Une campagne à contre-courant

LA POCATIÈRE – Trop longue avec ses 78 jours, la campagne électorale fédérale s’inscrit à contre-courant des mœurs actuelles de la société, où tout est éphémère et où l’information circule à vitesse grand V, selon Éric Ouellet, politicologue et enseignant au Cégep de La Pocatière.

Journaux, radio, télévision, information continue, internet et médias sociaux ont raccourci considérablement la durée de vie d’une nouvelle au cours des dernières années. « La réalité actuelle fait qu’entretenir l’intérêt chez les électeurs pendant 78 jours en faisant des promesses ou en parlant de différents enjeux, c’est une gymnastique sans précédent pour nos politiciens », de confier Éric Ouellet.

Bref, après presque un mois de campagne, l’ensemble est aussi enlevant qu’un plat de Kraft Dinner servi dans un restaurant cinq étoiles. « Le contenu intéressant, les prises de position, on ne les entendra pas avant le début du mois d’octobre. À ce moment, il restera encore trois semaines avant le scrutin et il y aura les débats des chefs. Les gens seront plus captifs et c’est là qu’ils vont se faire une tête. Les partis le savent », précisait-il.

Sondages à revoir

Qui dit campagne électorale dit sondage. Quotidiennement, les plus grands médias du pays s’amusent à partager les résultats de leurs enquêtes. Les plus récents scrutins, au niveau provincial et fédéral, appellent à la prudence. Tirer des conclusions hâtives sur qui formera le prochain gouvernement serait prématuré. D’une part, l’électorat est de plus en volatile. « 75% des électeurs ont choisi un parti, mais leur choix n’est pas définitif », de mentionner Éric Ouellet. D’autre part, les maisons de sondage sont en transition. « On fait encore des sondages téléphoniques sur ligne dure, mais comme les jeunes ont pratiquement tous des cellulaires, ils ne sont pas rejoints et c’est les 45 ans et plus qui se retrouvent surreprésentés. Inversement, les sondages sur le web amènent une surreprésentation des 18 à 44 ans, car ils sont plus présents sur internet ». Résultat, les sondages actuels n’auraient plus la même fiabilité. Solution? Les sondages mixtes. « Le problème, c’est que sonder par internet et le téléphone à la fois coûte plus cher pour les maisons de sondage. C’est ce qui peut expliquer les grands écarts qu’on a connu entre les résultats de sondages et ceux du scrutin, ces dernières années », mentionnait-il.

Sur la scène locale

Dans la chronique précédente, Éric Ouellet mentionnait que l’oléoduc Énergie Est ne serait sûrement pas un enjeu dans le comté, étant donné que les principaux partis sur la scène fédérale n’avaient pas de position claire sur le sujet. Depuis, le candidat bloquiste Louis Gagnon s’est proclamé la voix des opposants à Énergie Est. Cette déclaration ne surprend pas Éric Ouellet. « Pour les partis qui sont plus éloignés du pouvoir, c’est toujours plus facile de prendre position de façon claire et nette sur des enjeux aussi pointus. Quand t’aspires au pouvoir, tu dois être plus arbitraire », concluait-il.