L’ISLE-AUX-GRUES/SAINT-PACÔME/L’ISLET — Les propriétaires de « Les Maisons du Grand Héron » de L’Isle-aux-Grues interpellent la ministre du Tourisme Dominique Viens au sujet de ce qu’ils jugent être une contradiction flagrante et préjudiciable entre les objectifs et les politiques du ministère et la façon dont leurs mandataires l’appliquent.
Gilles Tardif a dû mal à comprendre comment le Conseil de l’industrie touristique du Québec (CITQ) peut juger une auberge champêtre comme un établissement hôtelier urbain. En effet, ce qui procure un nombre « d’étoiles » serait mal nuancé, à son avis, partagé par plusieurs aubergistes.
« Les grands hôtels urbains et les auberges champêtres sont confondus dans la même catégorie, soit “établissement hôtelier”. Appliquer les mêmes normes et les mêmes critères d’évaluation pour accorder une classification dépasse l’entendement et conduit à un préjudice grave envers les aubergistes », indique monsieur Tardif. L’idée d’uniformiser les critères sur des standards internationaux inquiète également. « On parle de bureau de travail, de grandeur de télévision, de fissures dans l’asphalte… rien qui ne s’applique à une auberge comme la nôtre, qui offre ce que les gens recherchent », ajoute celui qui dit ne pas offrir de vaste hall d’entrée en marbre ni de gym ni de bain-tourbillon, mais plutôt une auberge en bordure du fleuve St-Laurent où le paysage est mis en évidence, ce dont on ne tiendrait pas compte. « On est en train de perdre une étoile parce que nos salles de bain ne sont pas assez grandes. Je comprends qu’ils ne nous aident pas, mais au moins qu’ils ne nous nuisent pas ».
Décourageant
À l’Auberge des Glacis de L’Islet, la propriétaire Nancy Lemieux a énormément investi ces dernières années pour obtenir des étoiles supplémentaires. « J’ai tout fait en fonction des critères de classification », relate-t-elle. Malgré la réputation envieuse de l’établissement maintes fois récompensé, on n’y compte que trois étoiles. « Pour avoir mes 4e ou 5e étoiles, il faudrait que j’installe 16 TV écran plat », lance la propriétaire. « Ce qui fait la renommée de l’auberge ici, c’est l’absence de télévision. On ne tient même pas compte des jardins incroyables ici. J’en serais rendu à installer des coffres forts, des tables de travail de 48 pouces et des chaises ergonomiques pour avoir une étoile de plus », ajoute celle qui doit expliquer souvent aux clients surpris que l’auberge ne présente que trois étoiles. « Il faudrait des changements. Qu’il y ait effectivement une distinction entre un hôtel proprement dit et les auberges comme on les connaît, où l’aubergiste lui-même accompagne les gens à leur chambre ».
Six chambres et moins
À l’Auberge Comme au Premier jour de St-Pacôme, Jean Santerre, avec ses 5 chambres, est jugé non pas avec des étoiles, mais avec des soleils, car il est considéré comme un gîte du passant à six chambres et moins. « En 2001, un inspecteur nous avait mentionné qu’à six chambres et plus, nous serions évalués comme un hôtel. Mais là, il serait question de valet de stationnement et de grosse TV, ce qui ne se prête pas ici », affirme le propriétaire. Ce dernier croit toutefois, comme ses confrères, que la classification devrait faire preuve de plus de nuances.
Personne à la CITQ n’était disponible pour répondre à nos questions à ce sujet cette semaine, dossier à suivre.

