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Entrevue avec François Lapointe

Chaque semaine, l’équipe de rédaction du Placoteux vous présente une grande entrevue de type questions-réponses avec un candidat à l’élection fédérale du 19 octobre prochain. Cette semaine, le résumé de l’entretien avec le candidat du NPD François Lapointe.

Nom : François Lapointe
Parti : NPD
Profession : preneur de son / chargé de projet
Âge : 44
Lieu de naissance : Montréal
Lieu de résidence : Saint-Jean-Port-Joli
Implications politiques : V.P. communications NPD au Québec (2009-2011), député de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup (2011-)

Quelle est votre lecture de la campagne électorale à ce jour?

Ça va bien. Le porte-à-porte va mieux qu’il ne l’a jamais été. Les gens sont mécontents de la longue campagne déclenchée par Harper. En contrepartie, les gens me parlent beaucoup d’enjeux qui les touchent : gestion de l’offre, assurance-emploi, fermeture des bureaux de poste. Dans cette élection-ci, il y a beaucoup d’enjeux au fédéral qui rejoint les gens personnellement. C’est la campagne dont je sens qu’il y a plus d’enjeux d’Ottawa en train de se dessiner et qui a des implications majeures. 

Quelle est votre stratégie pour cette longue campagne?

Au mois d’août, j’ai pris la décision d’être très organisé sur certains aspects de la campagne qui ne coûtait pas plus cher. Vous connaissez l’intention de monsieur Harper sur la longue campagne? Ils ont deux fois les budgets des autres partis. L’idée était d’inonder les Canadiens de publicités dès le mois d’août, sachant que les autres partis n’étaient probablement pas capables de se le permettre sur un plan financier. Ça n’a pas marché! Les réactions populaires et des commentateurs politiques étaient tellement mauvais… Finalement, il n’a pas pu vraiment faire sa stratégie. Nous, on a été très efficace sur les pancartes. J’ai dit à mon équipe d’éviter les campings, quelques zones comme celles-là. Les gens m’ont dit : « Ah! Vous étiez prêts, vous! » Aussi, que je fasse 20 soirs de porte-à-porte ou que j’en fasse 40, ce ne sont pas des grosses dépenses. C’est ce qu’on a pu faire. La campagne est littéralement divisée en deux, la « pas normale imposée par Harper », puis la « normale », qui commence.

Parlez-moi d’un enjeu plus régional et propre à Kamouraska-L’Islet?

L’innovation. La Pocatière a des décennies de traditions. Ils nous disent que le fédéral les a laissé tomber, les programmes ne sont pas clairs. L’innovation est une obsession en économie pour Tom Mulcair et c’est en tête de liste. 

Quelle importance donnez-vous aux sondages?

Je les regarde, je les ferme et je continue. Les gens nous disent  « je vous aime beaucoup, j’aime monsieur Mulcair, mais ne deviens pas comme les vieux partis ». Une chose que les gens ne tolèreraient pas, c’est que je tienne pour acquis les sondages positifs. Ils ne l’accepteraient pas et ils ont raison. On s’envoie des courriels, quand on voit les sondages. Ensuite, on regarde, on sort et on travaille. En Ontario, on savait que ce serait différent. La déconfiture conservatrice n’allait pas servir immédiatement le NPD. Au B-C (Colombie-Britannique), les gens passent automatiquement du bleu au orange. En Ontario, on savait que le bras de fer ontarien serait là pendant pas mal toute la campagne. On ne s’inquiète pas, nous avons un boulot à faire, toutefois. 

Sentez-vous que vous êtes l’homme à battre dans la circonscription?

Oui. Sauf que la façon dont je gère ces choses-là, c’est que je m’en tiens aux dossiers. Je ne tolère pas que l’on dise qu’on ne sera pas pour la gestion de l’offre. Ça, c’est non. Mais je ne vais pas m’acharner sur la personne qui laisse entendre ça. Je n’apprécie pas du tout le réflexe de monsieur Généreux de dire que « quelqu’un a dit que… », je trouve ça d’un argumentaire puéril, ce n’est pas constructif. Les gens veulent savoir, « ton parti politique s’il forme le gouvernement, ces affaires-là qu’il va faire, ça va ressembler à quoi chez nous? » 

Vous vous êtes affiché contre le port pétrolier à Cacouna, qu’en est-il du pipeline Énergie Est de TransCanada dans son ensemble?

Tu ne peux pas former un gouvernement et interdire à un promoteur de déposer un projet, tout comme tu ne peux pas l’approuver, sans processus. Il n’y a aucun processus pour le pipeline. Au Québec, il n’y a rien de fait. Ce n’est donc ni oui, ni non. Les gens veulent entendre un oui ou un non. Je vais répondre : on s’engage à remettre en place et améliorer ce qu’il y avait comme études environnementales. Il faut que les consultations soient inclusives. Quand on mettra tout en place, si une compagnie pétrolière veut déposer un projet et passer à travers cela, je ne peux pas l’empêcher. 

Je ne sais même pas si TransCanada va redéposer son projet. Tu ne peux pas faire de réglementation et en interdire l’accès à un certain nombre d’entreprises. T’aurais l’air fou devant les instances internationales. Je dis aux gens, faites-nous confiance. Oui, les consultations vont être inclusives, oui les obligations d’études environnementales vont être solides. Ça aura beau être une industrie milliardaire, ils devront passer à travers le processus. 

Le dossier de l’assurance-emploi. Vous seriez prêts à annuler la réforme conservatrice?

On l’annule et très rapidement on va légiférer sur une méthode pour protéger les fonds sur l’assurance-emploi. La Caisse actuellement, si les conservateurs continuent, on en sera à 60 milliards de fonds qui auront été utilisés à autre chose que l’assurance-emploi. La protection de la caisse est essentielle. La Caisse est financée par les employeurs et employés, le gouvernement met zéro dollar. Quand tu dilapides les fonds, ça commence à ressembler à une espèce de taxe camouflée. Ça peut avoir l’air secondaire, mais c’est fondamental. Exemple, il y a un consensus sur le fait que les gens atteints de cancer devraient avoir tant de semaines de plus, mais si on continue à dilapider les fonds, on n’y arrivera pas.

Quel rôle doit-on donner aux réseaux sociaux dans la présente campagne?

J’ai fait un gros effort, en lançant une télé You tube. Il y a des capsules sur des thèmes précis. On vise une dizaine de capsules. Ce n’est pas 30 secondes, c’est 4 minutes, tout est là. On a ajouté à cela des cafés Facebook. Sur la page, sous le thème appuyé par la vidéo, les gens peuvent poser des questions en direct pendant une période donnée. Hier (jeudi dernier), ç’a commencé à 20h10 et ça s’est terminé à 22h20. Je ne crois pas avoir vu cela ailleurs. Je raconte aussi un peu les visites que l’on fait sur ma page. Il y a encore certaines personnes qui trouvent cela assez peu révélateur, mais d’autres apprécient. Quand je ne le fais pas, des fois on me le reproche en me disant : « coudonc as-tu arrêté de faire campagne? », c’est impossible de plaire à tout le monde. J’essaie de pousser un peu plus. Je rencontre des gens dans un domaine précis et en plus de la mise en ligne de la photo de la rencontre, je commente en donnant ma position.