LA POCATIÈRE – La publication de la photo du petit Aylan Kurdi, 3 ans, retrouvé mort sur une plage de Turquie, alors que sa famille tentait de fuir la Syrie par la Méditerranée, a bouleversé le monde. Si elle a réussi à attirer l’attention des Européens sur le sort des réfugiés syriens, elle a aussi bouleversé la campagne électorale fédérale, forçant les principaux partis à se positionner sur la crise des migrants syriens.
Ce qu’Éric Ouellet qualifie de la « photo de l’année » est à l’origine du débat actuel entre les chefs des principales formations politiques, à savoir combien de réfugiés devront nous accueillir en sol canadien? « Cette photo a été une claque dans la face pour l’occident qui ne sentait pas l’urgence de s’en occuper », expliquait-il.
Depuis, Conservateurs, Libéraux et Néo-démocrates se sont tous positionnés sur le nombre de migrants à accueillir. 10 000 d’ici la fin de l’année pour le NPD, 25 000 pour le PLC d’ici janvier 2016 et 10 000 d’ici quatre ans pour les Conservateurs. « Le débat sur la question est plutôt partisan pour le moment. Il y a une marge entre ne rien faire et ouvrir nos frontières à tout le monde », d’ajouter Éric Ouellet.
Selon lui, deux éléments doivent être pris en considération dans ce dossier : en accepter davantage en sol canadien et mieux cibler les interventions militaires en Syrie. « C’est sûr qu’il y a un minimum de vérification à faire, car si on en accueille beaucoup, certains extrémistes pourraient se glisser à travers les réfugiés qui ont réellement besoin d’asile. Dans quelques années, s’ils deviennent problématiques pour la société, la population reprochera au gouvernement de ne pas avoir fait les vérifications nécessaires », précisait-il.
Le national, encore et encore…
La vraie campagne étant maintenant commencée depuis quelques jours, aux yeux des analystes politiques, Éric Ouellet ne croit pas que les enjeux locaux vont prendre le dessus dans les prochaines semaines. « Les débats sur les chaînes télévisées vont commencer, les publicités dans les médias vont se multiplier et il y aura davantage de pancartes sur les poteaux. Le national va encore prendre toute la place », mentionnait-il.
Majoritaire ou minoritaire?
À la lumière des derniers sondages, Éric Ouellet reste convaincu que le prochain gouvernement sera minoritaire. Toutefois, la lutte est trop serrée entre les formations pour risquer une couleur. Depuis le dernier scrutin, le nombre de circonscriptions a augmenté au Canada, passant de 308 à 338. Maintenant, un gouvernement doit élire plus de 170 députés pour espérer une majorité au parlement. Pour y parvenir, un parti doit obtenir pratiquement 40% des votes. « Jusqu’à maintenant, le meilleur sondage est allé aux Néo-démocrates et ça leur donnait, tout au plus, 130 sièges à la Chambre des communes. On est loin de la majorité. »

