Chers candidats, je suis résidente de Montmagny-L’Islet et en août 2013, après avoir assisté à Saint-Eugène à une soirée d’information sur le projet d’oléoduc Énergie Est, organisée par Terra Terre, j’en suis ressortie avec le sentiment profond que je ne pouvais pas rester passive devant la situation. J’ai commencé alors à m’impliquer dans Stop Oléoduc Montmagny-L’Islet, un comité qui regroupe de simples citoyens comme moi, et ensemble nous avons discuté et planifié des actions pour nous informer et informer nos concitoyens sur les enjeux que représente le passage de l’oléoduc dans notre région.
Nous avons vite réalisé que l’exploitation et le transport du pétrole issu des sables bitumineux allaient affecter notre région de façon beaucoup plus prononcée. En effet, sur un corridor d’une largeur d’environ 6 km à peine, si rien ne change, en plus de l’oléoduc, nous assisterons à un accroissement considérable du passage de wagons-citernes de pétrole brut en provenance de l’ouest, et du transit de superpétroliers sur le fleuve. Les citoyens de notre région seront en plein coeur de ce trafic pétrolier, provenant de l’autre bout du Canada et destiné non pas à notre consommation, mais en majeure partie à l’exportation vers l’Asie, avec en plus très peu de retombées économiques pour nous. L’exploitation des sables bitumineux est déjà une catastrophe écologique en Alberta et les risques reliés à son transport traverseront tout le Canada ? Moi ça m’inquiète au plus haut niveau et je ne suis pas la seule.
Vous êtes candidats pour devenir député, c’est-à-dire pour représenter la population de notre comté qui fait face à la situation que je viens brièvement de décrire, une population qui regroupe plusieurs propriétaires affectés par la construction et l’opération de l’oléoduc sur leur terre, une population qui vit à côté d’une voie ferrée où circulent de plus en plus de convois à risque, une population qui voit son fleuve majestueux traversé par des millions de litres de pétrole lourd. Et plus globalement, une population dont vous faites vous aussi partie, qui fait face à l’indéniable réalité des changements climatiques, occasionnés par notre surdépendance aux énergies polluantes, une population qui aussi a besoin de se préparer à un après-pétrole de plus en plus inévitable et souhaitable.
D’un député je ne m’attends pas à un sauveur, je ne veux pas de belles promesses non plus. Je veux une personne qui soit à l’écoute et qui intervienne dans l’intérêt des citoyens de son comté, ici, au Québec, et qui travaille dans le sens d’un meilleur environnement pour eux et avec eux. Le 19 octobre je vais aller voter. Il y a plusieurs considérations qui vont influencer mon vote, mais en 2015, la question de la lutte aux changements climatiques et la question plus concrète, ici, dans mon comté, du transport des hydrocarbures, sera la plus déterminante quant au choix de la personne pour qui je voterai. Pour cela, j’ai besoin de connaître clairement votre position, bref j’aimerais bien vous entendre parler davantage de la question des changements climatiques, de l’oléoduc, des trains, des navires-citernes, des énergies renouvelables. J’ai besoin, non de promesses vagues, mais d’un engagement concret à travailler dans ce sens pour nous et avec nous. Je vous invite à ce dialogue avec la population, nous avons besoin plus que jamais d’en parler. Et le 19 octobre, j’ai besoin de savoir pourquoi c’est pour vous et aussi pour votre parti que je voterai.
Marie Laberge, membre de Stop Oléoduc Montmagny-L’Islet.