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Retour d’Afrique pour Charles Guimont

CAP-SAINT-IGNACE – Non il ne s’agit pas du film d’Alain Tanner, mais plutôt de l’expérience de Charles Guimont, jeune champion de billard de 17 ans de Cap Saint-Ignace, et de celle de sa mère, Marcelle Jean, qui l’accompagnait. Ils sont revenus le 14 décembre d’un séjour de sept jours à l’autre bout du monde, en Afrique du Sud.

Charles en est à sa deuxième expérience internationale de compétition de billard « nine ball », jeu du 9, tel que joué ici lors des tournois. Un premier voyage l’avait emmené en Allemagne en 2012. Cette fois, il s’est rendu à Johannesburg, en Afrique du Sud. Une petite dose de stress pour lui et sa mère. Ils ne partaient pas comme l’équipe olympique du Canada. Le voyage de 18 heures de vol s’est fait en solitaire et l’on comprend que sa mère et lui l’aient fait ensemble.

C’est que le billard n’est pas le sport le plus pratiqué au Canada. Encore peu de jeunes comme Charles y jouent, mais il semble que cela se développe. Là-bas, avec lui, deux Torontois, un gars et une fille de son âge représentaient le Canada.

Un pas dans l’inconnu

« Au début, de dire Charles, on ne savait pas comment on allait être reçus là-bas. Mais finalement quand on est arrivés, des gens nous attendaient avec des pancartes. On était rassurés. » La All Africa Pool Association (AAPA) leur a alors remis un « kit » avec des informations et, surtout, une carte d’identification pour pouvoir circuler. En ville, il y a des coins qu’il vaut mieux ne pas fréquenter. Ils ont été avertis et on contrôlait leurs allés et venues. Johannesburg est réputée être l’une des villes les plus dangereuses au monde.

Là, beaucoup de choses sont « sécurisées », ont-ils mentionné. Des groupes de résidences cossues sont entourés de murs. Ailleurs, ce sont des barbelés. Les gardes armés sont légion.


Un bidonville des environs photographié par Charles lors d’un vol en hélicoptère : « l’apartheid économique ».

Le tournoi se déroulait dans un ancien Casino restauré, datant des années 1920, situé sur un grand parc d’attractions reproduisant un village d’époque. C’était au temps de l’effervescence des mines d’or. Ils logeaient aussi dans ce secteur.

À cet endroit, il y a le Musée de l’Apartheid. Ils l’ont visité. Ils sont ressortis impressionnés. « Il y avait deux façons de débuter la visite au musée. L’une ‘ réservée ‘ aux Blancs et l’autre pour les Noirs », de dire Marcelle Jean. Cela fait partie du concept. Une entrée avec des contenus différents, montrant comment les uns traitaient les autres. Une façon de faire comprendre l’apartheid. Toutefois, peu importe la couleur de la peau, une fois l’une visitée, l’on pouvait visiter l’autre.


Charles Guimont et sa mère Marcelle Jean ont rapporté le journal The Star, dont plusieurs pages étaient consacrées à la mort de Nelson Mandela. 

Mandela

Une visite hautement symbolique pour eux, puisque, justement, Nelson Mandela était mort le 5 décembre et eux ont posé pied en Afrique du Sud le 7.

Un des moments qui les as marqués, c’est lorsque le président de l’association africaine de billard, prenant la parole devant eux, a fait un long hommage à Mandela – en anglais, la langue de communication commune au pays – ponctué de minutes de silence.

Les meilleurs

À ce tournoi, 32 garçons et 16 filles, de 13 ans et 18 ans, et 16 adultes en fauteuil roulant, venus de 22 pays des six continents. Ce qui est remarquable, c’est qu’ils sont les meilleurs joueurs au monde. Et Charles en fait partie.

Maintenant, il se pratique deux heures et demie par jour. C’est que le cégep de La Pocatière, qui le soutient, a récemment acheté une table de billard règlementaire, pour qu’il puisse encore mieux se préparer.

Soutien

La Fondation du cégep lui a aussi donné un montant d’argent pour sa compétition. De plus, plusieurs commanditaires soutiennent Charles, et il leur en est très reconnaissant.

Il faut dire que lui et ses proches ont aussi organisé une collecte de fonds en divers endroits, à Cap-Saint-Ignace et Montmagny, en particulier au Resto Bar 51, où il travaille, tout en étudiant en sciences humaines.

Un sport à développer

« Dans les pays de l’Union européenne, de dire Charles, les jeunes sont vraiment encadrés. Ça fait partie du sport-études. Ils ont aussi des associations de jeunes qui font beaucoup de tournois », mais ici, pas encore. Il doit donc développer des contacts pour trouver des maîtres québécois dans l’art du billard. C’est aussi le cas pour la plupart des juniors au Québec.

« Présentement, de dire Charles, il y a le cégep de Thetford qui s’est associé à un tournoi provincial et il a acheté des tables pour peut-être développer un sport-études. » Le Cégep de La Pocatière est en contact avec cette institution et il n’est pas exclu que l’on puisse développer une ligue.

« L’Association du développement du billard au Québec a été créée par l’un des meilleurs pro et professeur de billard au Québec, M. Alain Martel. Il va dans les écoles secondaires, les maisons de jeunes pour faire de la promotion », de dire Marcelle Jean tout aussi passionnée par l’activité que son fils.

M. Martel donne d’ailleurs des conseils à Charles. Tout comme d’autres professionnels que Charles rencontre à Montréal. Mentionnons que, très jeune, il a appris de son grand-père. Son père et sa mère jouent au billard. Une affaire de famille.

Là-bas

À Johannesburg, il a joué trois longues parties. La première contre un Sud-Africain qu’il a perdu 8-5, une autre contre un Américain qu’il a gagné 8-2. « C’était mon meilleur match », dit-il. Il a disputé sa troisième partie contre un Allemand qu’il a perdue 8-2. Les résultats de classement n’ont pas encore été diffusés. On peut toutefois estimer qu’il se situe entre la 21e et la 25e place. Mais au-delà de la compétition, il y a aussi l’intensité de l’expérience à l’étranger, côtoyer tous ces jeunes des six continents, et se faire des amis à travers le monde.

À la fin juin, il devra défendre son titre de champion junior canadien au Nouveau-Brunswick, pour se classer pour la prochaine compétition internationale. « Le grand objectif, dit-il, ce sont les Mondiaux à Shanghai, l’an prochain. » L’on peut encore soutenir Charles en achetant des articles promotionnels au Resto Bar 51, à Cap-Saint-Ignace.