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Les irréductibles boulangers

CAP-SAINT-IGNACE – Ils sont quelques-uns au Québec à avoir résisté aux grandes entreprises boulangères industrielles. Ils ne sont peut-être pas « la mie » quotidienne de tout le monde, mais ces « Gaulois » ont tenu bon devant les empires, continuant de trimer dur pour fournir aux régions des produits de la boulange faits avec passion. C’est le cas de la Boulangerie Blouin et fils de Cap-Saint-Ignace, qui compte aussi quelques filles, disons-le. Une histoire de famille depuis plus de 50 ans.


Devant une belle fournée du matin, Diane Blouin, Richard Bernier, Aline Collin Blouin, Guy Blouin, Johanne Émond, Marc Beaudoin, Mario Roy, Aline St-Pierre. Absents : Yves Blouin et Serge Gonthier, à la livraison et Valérie Lévesque.
Photo: Richard Lavoie

Quand on entre chez eux, on flaire immanquablement cette odeur caractéristique qui nous réconforte. Ça sent le bon pain, les galettes, les pâtés, les tartes et autres bonnes choses inventées par l’humanité, au fil des siècles. Chez Blouin, on fabrique plus de 90 produits. On les livre dans une vingtaine de municipalités, dans les MRC de Montmagny, de L’Islet et de Bellechasse, et même à Rivière-du-Loup. La livraison est  assurée par l’un des frères Blouin, Yves, et Serge Gonthier.

Aussi, depuis l’automne dernier, la boulangerie a un coin bien en vue chez Coop IGA de Montmagny. Des affiches présentant des producteurs régionaux se trouvent également dans le secteur des caisses. Sur l’une d’elles, on voit Guy Blouin montrant fièrement des galettes.


Le doyen des boulangers, M. Richard Bernier, compte presque 60 ans de métier.
Photo: Richard Lavoie

Histoire de famille

L’histoire boulangère de cette famille a commencé en 1958, alors que M. Claude Blouin achète la boulangerie de M. Jean-Guy Racine. Puis, en 1959, M. Blouin prend pour épouse Mme Aline Collin. Et voilà, c’est parti. À ce moment, il n’y avait que « deux ou trois employés », se souvient-on. Quant à Mme Aline, elle travaille encore dans l’entreprise tous les jours. « Elle touche à tout », de mentionner en souriant sa fille, Diane, maintenant administratrice de la compagnie familiale, après avoir travaillé comme adjointe-administrative chez Bombardier, de 1980 à 2006.

On ne sait pas si c’est à cause du bon pain, mais Diane est maintenant guérie d’un cancer. D’ailleurs, la joie de vivre semble être une histoire de famille chez les Blouin. Et il semble que cela soit contagieux. Tout le personnel besognait avec ardeur et plaisir, avons-nous ressenti.

En 1976, un feu ravage la boulangerie. «Six mois plus tard, les opérations reprennent de plus belle avec de l’équipement moderne », mentionne-t-on dans un feuillet remis par Diane Blouin. À la suite de l’incendie, l’agrandissement et un équipement modernisé a permis d’accroitre la production.


Les petits pains sont mis à cuire.
Photo: Richard Lavoie

Petite entreprise

En 1992, quatre membres de la famille se sont associés. En tout, il y a dix personnes travaillant à cette boulangerie que l’on peut encore qualifier de type artisanal, selon Diane Blouin. Une boulangerie « à la canadienne », de dire Richard Bernier, le doyen des boulangers, là depuis les débuts. Il fêtera ses 74 ans, le 2 avril prochain. « Plein de choses se font encore à la main », d’ajouter Diane. Chose certaine, c’est assurément une PME.


Une belle fournée.
Photo: Richard Lavoie

Adaptation

Le four au bois est aujourd’hui un souvenir, mais celui que l’on a, assure-t-on, cuit le pain « sans changer le fameux goût d’autrefois. » Plein d’autres choses ont également changé au fil du temps. Par exemple, on produit du pain de blé entier. Le pain blanc au lait, toujours fait selon la recette de M. Blouin, est allégé avec de l’huile de canola. L’on fait de 400 à 500 pains par jour, sans compter le reste.

Néanmoins, l’on y trouve encore des délices, comme la galette aux dattes, qui rappelleront leur enfance aux personnes d’un certain âge, mettons dans la quarantaine et plus. Et les pâtes à tarte, que l’on vend crues déjà dans l’assiette d’aluminium, prêtes pour cuisiner, sont dignes de celles de nos grands-mères, foi d’épicurien avisé. « Retrouvez le bon goût d’autrefois » est d’ailleurs la devise de la maison.


La pesée de la pâte à pain sur d’antiques balances
Photo: Richard Lavoie

Cette boulangerie n’est toutefois pas comparable aux petites artisanales de la région. C’est une autre forme de production boulangère, mais qui fait également partie des traditions. Que l’on peut faire remonter, dans ce cas, à l’après-Deuxième Guerre. Pour ceux et celles qui voudraient s’y rendre, elle se trouve au 57, rue Jacob, non loin de l’église. La Boulangerie Blouin a aussi sa page Facebook que l’on consulter pour plus de détails.