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Semeur et artiste

KAMOURASKA — C’est depuis sa chambre d’hôtel, à Toronto, où elle participe au festival HotDocs 2014, un festival international du documentaire canadien, que la réalisatrice du film Le Semeur nous accorde cette entrevue. « On saura dimanche si on gagne », lance Julie Perron, réalisatrice, un éclat de rire dans la voix. [NDLR : le film n’a pas gagné]


Julie Perron productrice-realisatrice (Credit Daniela Zedda)

Le Semeur, son plus récent long métrage documentaire, a été tourné au Kamouraska et gravite autour de l’artiste-semencier Patrice Fortier. Créateur de La société des Plantes, Fortier préserve des semences végétales rares ou oubliées. Son but : « créer les variétés anciennes du futur », un travail de moine que la cinéaste a su rendre avec sensibilité et émotion.

Pour présenter Patrice Fortier dans son univers et mettre en lumière à travers l’objectif de sa caméra le paysage dans lequel il évolue, Julie Perron est d’abord venue, il y a quatre ans, passer quelque temps à Kamouraska. Elle a appris à connaître l’artiste-semencier, à comprendre comment il travaille. Elle a d’abord créé une relation.

« Ensuite, je suis revenu avec un cameraman et un preneur de son », dit-elle. Cette relation avec Patrice Fortier était importante puisqu’il représente le point cardinal du film. Tout tourne autour de lui. « C’est un personnage de cinéma », dit-elle. À part la présence de quelques personnes, dont la savoureuse Rollande, ce sont les légumes qui constituent le personnage secondaire, explique la cinéaste.

La poésie

Julie Perron arrive à mettre en image la poésie de cet univers dans lequel Patrice Fortier évolue. Elle parvient à nous faire oublier la caméra. Le film se compose d’une succession de plans fixes et d’autres, filmés à l’épaule, qui permettent de suivre le geste.

La cinéaste a mis quatre ans à préparer son film. Les tournages se sont échelonnés sur différentes saisons. « Le temps c’est payant dans le documentaire », dit-elle.

Patrice Fortier devient pour elle une sorte de héros de fiction. On ne sait pas exactement qui il fréquente, ce qu’il mange. « On cultive le mystère », enchaîne madame Perron. Il n’y a pratiquement aucune référence au temps. L’action pourrait se dérouler n’importe où.

Le semeur, pour elle, est un symbole fort, celui de la révolution durant la Révolution française. C’est le titre d’une toile de Jean-François Millette peinte en 1851.


Semeurs de haricots Saint-Sacrement (Nathalie Trepanier)

Patrimoine végétal

Julie Perron est connue pour ses portraits de femmes et d’hommes, visionnaires ou utopistes, qui nous invitent à rêver et donc, à progresser. Le Semeur est né d’un désir de faire quelque chose sur le patrimoine végétal. C’est un ami qui connaissait Patrice Fortier qui a mis cette Montréalaise en lien avec lui. Le microcosme du jardin et sa diversité végétale à préserver ont rendu le sujet très intéressant.

Le Semeur a été accueilli dans plusieurs festivals, comme les RIDM, 64e Berlinale (section hors compétition  Culinary Cinema), Cinema Planeta (Mexique), HotDocs 2014 (section Canadian Spectrum) et Doxa (compétition canadienne).

Les Productions des Films de l’Autre et Les Films du 3 mars annoncent que Le Semeur prendra l’affiche au Cinéma Le Scénario de La Pocatière, le 29 mai, en présence de la cinéaste. « C’est un film à voir sur grand écran », affirme Julie Perron en invitant le public à venir la rencontrer.

Les Films du 3 mars (www.f3m.ca | www.f3msurdemande.ca) est soutenu par plus d’une centaine de membres issus du milieu cinématographique ainsi que par les institutions suivantes : Conseil des Arts du Canada ; Conseil des arts et des lettres du Québec ; Conseil des arts de Montréal, Téléfilm Canada ; Société de développement des entreprises culturelles (SODEC).