On pourrait croire qu’il s’est investi d’une mission tellement il a répété l’exercice plus d’une fois. Pour tout l’été, et peut-être même la prochaine année, l’artiste Alain Cadieux aura pignon sur rue dans l’ancien atelier du sculpteur Lucien Bourgault, voisin de l’Auberge du Faubourg à Saint-Jean-Port-Joli. Une façon d’offrir une seconde vie à ces locaux oubliés, un peu à l’image de son art.
Il l’a fait à Montréal plus d’une fois, là où il réside lorsqu’il n’est pas dans la capitale de la sculpture. En janvier 2016, le journal Métro avait même traité de la chose dans un article, « Exposer son art dans des locaux vacants. » « C’est la quatrième fois que je le fais à Saint-Jean-Port-Joli », indique celui qui se qualifie d’écosculpteur, puisqu’il conçoit toujours ses œuvres à partir de vieux objets ou outils devenus obsolètes.
Bref, aussi bien dire qu’Alain Cadieux a fait de la « deuxième vie » son art, de la conception à la diffusion. Et plus précisément dans le cas des locaux vacants, il qualifie pratiquement l’approche de gagnant gagnant. « À mon souvenir, tous les locaux vides qui m’ont été prêtés pour exposer mon art ont fini par trouver des locataires par la suite », ajoute-t-il.
S’il n’a pas la prétention d’embellir le village par le seul fait qu’un local jadis vide se retrouve occupé, il croit tout de même que sa pratique a le mérite de contribuer à la vitalité de l’endroit.
« Un lieu vacant, inoccupé, on finit par ne plus le voir. Et quand on ne le voit plus, on n’a pas nécessairement le goût de le conserver », mentionne l’écosculpteur.
D’ailleurs, il ne s’en cache, c’est un peu l’objectif qu’il cherche en occupant l’atelier du regretté sculpteur Lucien Bourgault. Bâti en 1948, le petit bâtiment voisin de l’Auberge du Faubourg n’a plus fière allure, de reconnaître Alain Cadieux. Toutefois, il estime qu’il appartient à ce patrimoine oublié qui a fait les beaux jours de Saint-Jean-Port-Joli à une certaine époque, celle où l’autoroute était inexistante et que les voyageurs se rendant dans l’Est-du-Québec s’arrêtaient ici et là dans les petites boutiques de sculpteurs qui défilaient des deux côtés de la 132. « Mon souhait est que la bâtisse ne passe pas éventuellement sous le pic des démolisseurs », avoue-t-il.
Mais comme rien n’est garanti, Alain Cadieux ne s’avance donc pas sur le temps qu’il passera à exposer dans l’ancien atelier de Lucien Bourgault. « Les propriétaires ont gentiment accepté de me prêter l’endroit pour les prochains mois. Je serai donc ici cet été, cet automne et au courant de l’hiver il y aura encore des sculptures, mais à l’extérieur sur le terrain. Au printemps, je verrai quelles sont les intentions des propriétaires pour la prochaine année », dit-il.
En attendant, comme il ne peut être présent quotidiennement à l’atelier, il a aménagé des plateformes adossées sur les murs extérieurs du bâtiment pour que les curieux puissent avoir un aperçu, par la fenêtre, des 32 œuvres qui y sont exposées. Autrement, 18 sont réparties à l’extérieur, tout autour de l’atelier. « Mes coordonnées sont affichées dans la fenêtre, donc les gens peuvent me contacter aisément s’ils sont intéressés par une œuvre quelconque », conclut Alain Cadieux.