Le dernier sacrement : Oser parler religion en fin de vie

Photo : Courtoisie.

Il n’y avait pas encore de loi sur laïcité de l’État ni de cas de prosélytismes religieux dans les hôpitaux et les CHSLD qui défrayaient la manchette lorsque Denis Bouchard a eu l’idée de sa pièce Le dernier sacrement. Néanmoins, toutes les questions qui touchaient les religions étaient alors suffisamment sensibles pour ne pas les inviter au théâtre. Ce qui n’a pas empêché Denis Bouchard d’aller au bout de son idée et de prouver que tous étaient dans l’erreur.

Denis Bouchard se souvient très bien de cette phrase qu’il avait lu il y a quelques années et qui disait que les gens qui ont la foi mourraient plus en paix que les autres. « Ce jour-là, je me suis dit que ça n’irait pas bien pour moi le jour où je serais sur mon lit de mort », avoue-t-il.

Aussi anodine soit-elle, cette phrase a été le point de départ d’une quête qui a amené Denis Bouchard aux quatre coins du monde à faire des recherches et essayer de mieux comprendre les religions. C’est aussi ce qu’il l’a mené dans une unité de soins palliatifs où sa vision de la mort a complètement changé du tout au tout. « J’ai vu beaucoup de dignité, mais aussi beaucoup d’humour. C’est ce qui m’a inspiré la pièce qui est une forme d’hommage à tous ceux qui ont été en contact avec les soins palliatifs », résume-t-il.

Écrite, produite, mise en scène et interprétée par Denis Bouchard, Le dernier sacrement raconte l’histoire de Denis un non-croyant qui doute, atteint d’un cancer en phase terminale. Il est soigné par une infirmière croyante mère d’une jeune femme pratiquante, qui fait irruption dans la deuxième moitié de la pièce. Trois générations et trois points de vue différents se confrontent donc dans cette comédie dramatique, mais toujours dans le respect et la tolérance selon Denis Bouchard. « Je crois que ça permet de beaucoup dédramatiser l’actualité », ajoute-t-il.

Immersif

Pourtant, lorsqu’il a suggéré son projet aux théâtres montréalais, personne ne voulait le présenter.

« On me trouvait fou de vouloir parler de religion et de mort à notre époque. Effectivement, c’est probablement le projet le plus fou que j’ai fait, mais certainement celui dont je suis le plus fier à la fois », confie Denis Bouchard.

Convaincu par son idée, il a approché le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) pour y présenter sa pièce. Les fonds amassés suite à la représentation seraient ensuite remis à sa Fondation. Le tout a été réalisé dans une approche immersive, où les spectateurs ont assisté à l’ensemble de la représentation dans une chambre de l’unité de soins palliatifs de l’hôpital, précédé de cours sketches proposés dans deux autres chambres de l’étage où des comédiens présentaient des situations à tournure humoristique observées par Denis Bouchard chez des gens en fin de vie.

Le succès a été tel qu’après l’expérience du CHUM, Le dernier sacrement a été présenté au Théâtre d’Outremont. Depuis, Denis Bouchard et les deux autres comédiennes de la pièce, Sofia Blondin et Ayana O’Shun, se promènent à travers le Québec, tout en maintenant le concept des deux sketches à l’accueil, désormais joués par des figurants locaux et présentés dans le hall d’entrée des salles de spectacle où la pièce s’arrête.

À La Pocatière, la pièce sera présentée à la Salle André-Gagnon le mercredi 11 septembre à 20 h. À Montmagny, Le dernier sacrement s’amènera sur la scène de la Salle Edwin-Bélanger le dimanche 29 septembre à 20 h. Précisons qu’à la Salle André-Gagnon, pour chaque billet vendu à prix régulier par la Fondation André-Côté, un montant de 10 $ leur sera remis.