SAINT-PACÔME – Devant l’intensification du transport pétrolier sur rail malgré la tragédie de Lac-Mégantic, trois jeunes militants ont entrepris le 13 septembre un trajet de près de 600 km entre Lévis et Belledune pour sensibiliser la population aux dangers encourus.
Ils sont deux, Mélanie Tremblay de Saguenay et Émile Vigneault de Québec. Ils sont accompagnés de Guillaume Girard, qui se charge de filmer et de photographier le voyage. Sur des vélos bricolés avec les moyens du bord pour les adapter à ce long périple, ils financent leurs déplacements en vendant des t-shirts qu’ils sérigraphient au fur et à mesure de la demande. On peut suivre leurs pérégrinations sur le blogue bombesurrail.com.
Le projet a été mis sur pied suite à une prise de conscience : dès 2015, le pétrole des sables bitumineux traversera par train le territoire du Québec en direction du Nouveau-Brunswick, à raison de 240 wagons par jours. « On fait croire au public que l’oléoduc Énergie Est remplacera le transport par train, mais c’est faux. Les trains continueront de passer, et dans les faits, ils passent déjà », s’indigne Mélanie Tremblay.
Incapables de rester inactifs devant ce qu’ils considèrent un danger pour la population, ces militants ont entrepris ce voyage au cours duquel ils rencontrent les citoyens et les élus. Le projet de terminal pétrolier à Belledune, au Nouveau-Brunswick, leur a fourni le prétexte à une action citoyenne.
« Les municipalités ont très peu de pouvoirs face au transport ferroviaire, qui est de juridiction fédérale, poursuit Mélanie Tremblay. Si les municipalités comptent recevoir une légère compensation pour le passage de l’oléoduc sur leur territoire, les rails, eux, sont déjà là et il est impossible de contrôler la nature du chargement des trains qui y circulent. »
Lac-Mégantic et Montmagny
« On l’a vu à Lac-Mégantic, les informations fournies par les compagnies de transport ne sont pas fiables », affirme Émile Vigneault. Il rappelle par ailleurs les cinq déraillements majeurs qui se sont produits à Montmagny au cours des 50 dernières années : « L’administration municipale a réussi à obtenir que les trains ralentissent de 96 à 64 km/h en traversant la ville, rappelle le militant. Mais après à peine quelques mois, ils roulaient de nouveau aussi vite qu’avant, comme si on ne pouvait rien y faire. »
Combattre l’indifférence
Le trio multiplie donc les rencontres au long de son trajet, remettant des lettres aux élus des municipalités traversées et se mêlant aux activités publiques pour passer leur message. « Il faut contrer la propagande des corporations qui savent très bien utiliser les médias, affirme Guillaume Girard.
Conscients de la tâche énorme à accomplir, ils comptent sur la multiplication de petits groupes dans toutes les régions pour créer un mouvement de protestation étendu.
Ils ont d’ailleurs fait un crochet par Saint-Mathieu la fin de semaine du 20 septembre, afin de profiter du forum social pour créer des liens avec d’autres organismes et faire la promotion de la réduction de notre dépendance au pétrole. « Nous avons déjà un très bon contact avec les groupes Stop Oléoduc », affirme Émile Vigneault.