Nous sommes le mercredi 22 avril, c’est le Jour de la Terre. Le premier ministre du Québec annonce une conférence de presse importante. Il est accompagné du directeur de la Sécurité civile et de celui de la Santé publique du Québec ainsi que du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Il nous annonce que « le Québec fait face à une grave crise environnementale qui menace notre sécurité, notre confort, notre santé et surtout l’avenir de nos enfants. Nous devons, dès maintenant, mettre de l’avant les mesures nécessaires pour y faire face. »
Il continue : « Les experts du climat, les écologistes et les médecins ont sonné l’alarme depuis déjà plusieurs années, il faut réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. Plus de 11 000 scientifiques de différentes disciplines, issus de 153 pays, ont signé un important rapport en 2019 dans la revue Bioscience1. Leur message est clair, nous faisons face à une crise climatique et les gouvernements doivent agir dès maintenant. »
Le Québec entre en période de transition
Le premier ministre veut « que le Québec mette tout en œuvre pour devenir un leader mondial dans la transition écologique, qu’il modernise et ajuste son économie afin qu’elle soit désormais au service de l’écologie et des gens. » Le directeur de la Sécurité civile ajoute « qu’il faut agir dès maintenant pour prévenir et réduire les catastrophes environnementales au lieu de seulement les subir et y réagir. Elles sont d’ailleurs en fortes augmentations partout dans le monde incluant le Québec. Cela nous permettra d’économiser beaucoup d’argent dans les prochaines décennies ».
Le ministre de l’Environnement nous annonce les premières mesures importantes qui seront mises en place dans les prochaines semaines :
« Dès aujourd’hui, nous interdirons tout nouveau projet d’exploration, d’exploitation ou de transport d’hydrocarbures. »
« Nous abandons le projet de troisième lien pour Québec et les prolongements des autoroutes en banlieue de Montréal afin de plutôt investir dans le développement du transport en commun, sans oublier le transport interurbain en région. Graduellement le transport en commun deviendra gratuit pour tous, en tout temps, tandis que le réseau routier cessera d’être subventionné et deviendra payant. »
Pour terminer, le premier ministre tente de nous rassurer : « ce que nous allons vous demander ne sera pas facile, mais nous serons là pour vous aider. Il faut réparer nos erreurs du passé, prendre soin de notre planète afin de nous permettre de finir notre vie en santé et d’offrir à nos enfants une vision optimiste de leur avenir. »
Peut-être pouvez-vous imaginer comment se passeraient les semaines suivantes ?
Ça serait effectivement inquiétant au début. Il y aurait des gens qui suivraient à la lettre les consignes, d’autres qui n’écouteraient rien. Il faudrait peut-être demander l’aide des artistes et influenceurs pour rejoindre la population et leur demander d’appliquer les mesures de transition. Les déplacements et les achats seraient limités aux biens essentiels. Le prix du pétrole chuterait.
Les conférences de presse se succèderaient, le gouvernement annoncerait des programmes d’aides financières destinés aux entreprises touchées et aux employés mis à pieds par les interdictions afin qu’ils se convertissent à la nouvelle économie.
On lancerait le Panier bleu afin de mettre de l’avant l’achat local, pour stimuler notre économie et réduire l’empreinte carbone associée au transport des aliments et des marchandises. On voudrait réduire le gaspillage alimentaire, changer notre modèle agricole, produire et manger moins de viande, bannir les pesticides, favoriser les cultures biologiques et proximité. Le directeur de la Santé publique du Québec nous partagerait sa recette de végé-pâté.
Il faudrait réduire nos déplacements non essentiels, penser nos vacances différemment, arrêter l’étalement urbain, miser sur l’efficacité énergétique et arrêter de subventionner les industries polluantes. Le télétravail deviendrait la norme. Nous marcherions beaucoup plus. Peut-être même que nous prendrions goût à moins travailler, consommer moins de produits inutiles ou de mauvaise qualité, à moins s’endetter et à passer plus de temps en famille. Tranquillement nous arriverions à produire moins de déchets, moins de pollution, mais plus de bonheur.
Ça pourrait mieux aller
Bref, je rêve du jour où nous déploierons les mêmes efforts collectifs que nous faisons présentement pour contrer la pandémie de covid-19, mais cette fois pour sauvegarder notre planète et offrir un avenir viable à nos enfants et petits-enfants. Nous les connaissons les solutions, il ne reste qu’à les mettre en application.
Guillaume Dufour, La Pocatière