Déjà 11 ans que le studio Desjardins du Camp musical Saint-Alexandre se transforme en lieu de création mythique auprès de quiconque le fréquente. Encore trop dans l’ombre aux yeux du directeur du Camp, Mathieu Rivest, il se permet aujourd’hui de rêver à un destin plus grand pour cette infrastructure unique de la région.
Tout a commencé quand le Camp musical a fait l’acquisition d’équipements d’enregistrement professionnel pour répondre, surtout, à ses besoins lors des activités estivales. Les planètes étaient aussi bien alignées, à l’époque. Un des enseignants du Camp, Jimmy Rouleau, était fraîchement débarqué de Montréal, apportant avec lui tout le bagage, l’expérience et le professionnalisme requis pour faire « rouler » l’endroit, rappelle Mathieu Rivest.
« Au départ, le matériel était installé dans le pavillon Asta. Le studio physique, comme on le connaît aujourd’hui, est arrivé en 2012. Outre le Camp, il y avait localement un besoin pour une infrastructure de la sorte et c’était aussi une opportunité pour nous d’accroître notre rayonnement », résume le directeur du Camp musical.
En ce sens, le studio Desjardins a très bien rempli sa mission. Localement, Jimmy Rouleau y a enregistré deux albums. Plus récemment, C-Drick y a réalisé son premier EP qui paraîtra le 2 juin. Sophie Pelletier, Victor Pelletier et Sophie Poulin de Courval y ont aussi réalisé des sessions d’enregistrement. Parmi les artistes de l’extérieur de la région ayant un certain rayonnement, Lynda Thalie, Pépé et sa guitare et Martine Cabrel, sœur du célèbre Francis Cabrel, ont aussi fréquenté l’endroit.
Pour chacun de ces artistes, leur passage au studio Desjardins a toujours été un moment mémorable, de l’avis de Mathieu Rivest. C-Drick est d’ailleurs à même d’en témoigner : « Il y a un petit côté Morin Heights (NDLR : célèbre studio des Laurentides qui a vu passer une panoplie d’artistes de renommée internationale dans les années 70-80) très recherché, ici. En plus, comme c’est géré par un OBNL, c’est beaucoup plus abordable côté prix qu’un grand studio à Montréal », ajoute-t-il, sans réserve.
L’environnement nature du site, l’accessibilité à une panoplie d’instruments du Camp musical, l’esprit de collégialité qui transpire des lieux et toutes les infrastructures connexes qui permettent, en quelque sorte, un isolement total tout en étant à la fois autosuffisant, sont autant de facteurs clés qui peuvent influencer positivement la créativité des artistes, selon C-Drick et Mathieu Rivest.
Mais le directeur du Camp musical demeure réaliste. Il sait très bien que ce n’est pas demain la veille qu’un artiste de renom comme The Police débarquera au studio Desjardins pondre le prochain « Synchronicity » (NDLR : une partie de cet album phare du groupe britannique a été enregistré au studio de Morin Heights). Il n’en demeure pas moins qu’il rêve à un destin plus grand pour cette infrastructure régionale unique et à la portée de tous.
« On est en train de regarder à revoir la structure du studio. Notre travail est un peu retardé à cause de la COVID-19, mais il est bien entamé », confie Mathieu Rivest.
Le but est de mettre sur pied un collectif de réalisateurs régionaux qui possèdent déjà leur propre studio à domicile, mais dont l’infrastructure est peut-être trop modeste pour réaliser des sessions d’enregistrements plus complètes. Une dizaine aurait déjà été ciblée, confirme-t-il. Ceux-ci pourraient louer l’endroit en fonction du calendrier de disponibilités, faire appel à un technicien de l’équipe du Camp pour les assister, ou fonctionner de façon totalement autonome moyennant une formation élémentaire sur les équipements mis à leur disposition.
« C’est la direction qu’on veut prendre pour permettre à l’endroit de grouiller un peu plus. On est fier de ce qui a été fait jusqu’à maintenant, mais on est conscient qu’on a un joyau entre les mains et qu’on ne l’exploite pas encore à son plein potentiel. Avec le collectif, c’est ce qu’on veut développer », conclut Mathieu Rivest.