L’arrivée de Pangea inquiète la relève

SAINTE-HÉLÈNE — Environ 125 personnes, essentiellement des membres de la relève et des intervenants agricoles, se sont réunies à Sainte-Hélène, jeudi dernier, pour discuter de l’arrivée potentielle de la société d’investissement Pangea, dans la région de Kamouraska. Ils ont formé un comité chargé de se pencher sur les prochaines actions à mettre en place et lancé une pétition dans laquelle ils demandent l’intervention du gouvernement du Québec.

Récemment, l’Association de la relève agricole du Bas-Saint-Laurent (ARABSL) a appris que la firme montréalaise souhaite acquérir 4 000 âcres de terres à Saint-André. « Pangea propose essentiellement aux agriculteurs d’acheter leurs terres pour que celles-ci leur soient ensuite louées. Leur objectif est de créer des coentreprises d’exploitation agricole de grande envergure », explique Marie-Ève Arbour, coordonnatrice interrégionale de la Fédération de la relève agricole du Québec.

Les jeunes de la relève craignent que l’accaparement des terres agricoles fasse exploser leur prix de vente, rendant du même coup presque impossible le transfert non apparenté des entreprises agricoles de la région en plus de compromettre la rentabilité des fermes existantes.

Des appuis

Le premier vice-président de l’UPA, M. Pierre Lemieux, le président de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, M. Gilbert Marquis et la présidente du Syndicat local de Kamouraska, Mme Claire Lajoie, sont venus donner leur appui aux membres de la fédération bas-laurentienne représentés par leur président, Pascal Hudon.

Selon M. Lemieux, il est impossible de faire compétition à un investisseur de la taille de Pangea. L’ensemble des intervenants estime que l’arrivée d’un tel acteur appauvrirait les entreprises indépendantes au profit de grandes entreprises. « Elle compromettrait la capacité des jeunes de poursuivre le modèle agricole familial », selon M. Hudon.

Spéculation

« L’agriculture, ça se fait avec le cœur. Eux, ils achètent de grandes parcelles pour faire du commerce, pas pour en vivre », a déclaré Gilbert Marquis avant de lancer un appel au ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis. C’est le gouvernement qui a le pouvoir d’agir, dit-il.

Pour Claire Lajoie, il est essentiel de garder la valeur économique des terres dans le Kamouraska. « Il faut une mesure rapide », clame Pierre Lemieux de l’UPA. Une entreprise comme Pangea, par sa taille, fonctionne par achat centralisé et a un pouvoir d’achat plus grand que celui des producteurs agricoles. « Ils [les fournisseurs] devront augmenter leur marge [de profits] avec nous s’ils veulent rester en activité », a poursuivi le 1er vice-président de l’UPA.