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Lettre ouverte au premier ministre du Québec, M. François Legault

Stéphane Lévesque. Photo : Archives Le Placoteux.

M. Legault,

À la suite de la parution le 16 juillet dernier de l’article rédigé par Maxime Paradis, dans l’hebdomadaire Le Placoteux, j’aimerais corriger certaines de vos affirmations. Je souhaiterais également vous rappeler certains faits que vous semblez oublier à propos de la conversion de l’horaire de faction en place dans le service ambulancier de Saint-Jean-Port-Joli.

Tout d’abord, croyant avoir été bien compris par la députée Marie-Eve Proulx lors de nos rencontres, nous constatons que les messages que nous lui avions transmis n’ont pas été relayés avec la rigueur qu’un tel enjeu mérite. Il est dommage d’observer les départs successifs des collaborateurs de la députée, dont M. Christian Picard et Mme Suzanne Gagné. Ces derniers semblaient mieux comprendre l’urgence de la situation que MmeProulx. Mentionner à la population que le budget consacré à la conversion de l’horaire de faction des techniciens ambulanciers paramédics (TAP) a été consacré à la lutte contre la COVID-19 ne tient tout simplement pas la route. Ce message démontre un manque de respect aux citoyens de la MRC de L’Islet et démontre que Mme Proulx ne souhaite pas s’attaquer à ce problème qui touche directement la population qu’elle représente. Par la suite, nous avons été extrêmement déçus de lire que vous évoquiez le « grand territoire » que représente le Québec pour justifier l’inaction de votre gouvernement dans ce dossier. Cette affirmation n’est pas sans rappeler les propos désobligeants du gouvernement libéral qui vous a précédé ; le ministre de la Santé et des Services sociaux de l’époque disait ne pas être en mesure de « mettre une ambulance au bout de chaque rang ». Nous vous rappelons au passage que la MRC de L’Islet compte près de 18 000 habitants et que même ceux qui habitent dans les régions rurales ont le droit d’avoir accès à des services d’urgence de qualité, et ce, dans un délai raisonnable.

Heureusement, le maire de Saint-Jean-Port-Joli, M. Normand Caron ainsi que les élus municipaux réunis au sein de la MRC de L’Islet comprennent bien cet enjeu et l’importance qu’il a sur la sécurité de leurs concitoyens. Ils se sont prononcés en faveur de l’élimination de l’horaire de faction. D’ailleurs, dans les faits, ce type d’horaire retarde l’intervention des TAP pour répondre aux appels urgents de la population, de plusieurs minutes par rapport à des horaires qui assureraient leur présence, 24 heures sur 24. Devons-nous également vous rappeler, à vous et à Mme Proulx, que lorsqu’une vie est en danger, chaque minute compte, et ce, dans n’importe quelle MRC ? La conversion des horaires de faction en horaires de travail régulier permettra un déploiement de la flotte ambulancière sur le territoire d’une façon plus efficace pour réduire la mortalité de la population qui nécessite des soins d’urgence. Dans le cadre de ces horaires réguliers, les ambulances se mettent en route en moins d’une minute pour se rendre le plus rapidement sur le lieu d’une intervention. En ce moment, un délai d’une dizaine de minutes est nécessaire pour réunir une équipe de TAP, qui est sur appel à leur domicile, avant que l’ambulance puisse se mettre en route. Nous ne comprenons pas que ce délai soit encore et toujours toléré par Mme Proulx qui semble, de son côté, le trouver normal et, toujours selon elle, n’a pas de peine à le justifier par une logique comptable.

Il aura fallu la crise de la COVID-19 pour faire bouger le gouvernement dans le dossier du manque de préposés aux bénéficiaires dans les CHSLD. Le problème était connu, mais il aura fallu des victimes pour que des actions soient prises et mises en place. Attendrons-nous que l’irréparable se produise dans la MRC de L’Islet pour pallier le manque de ressources dans les services ambulanciers ? M. Legault, il faut agir maintenant.

Stéphane Lévesque

Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec

Technicien ambulancier paramédic