MONTMAGNY – Le député de Côte-du-Sud, Norbert Morin, a voulu faire le point en conférence de presse, vendredi matin, en ce qui concerne la perte des médecins dépanneurs au CLSC de Saint-Jean-Port-Joli. Il a dénoncé ce qu’il appelle « un climat de terreur » entourant cette affaire.
« Le problème du recrutement des médecins en région est généralisé et les organismes régionaux doivent faire leur part pour le contrer », a souligné le député. Il dit avoir toujours travaillé à l’amélioration du domaine de la santé pour ses concitoyens, selon ce que permettent ses champs de compétence en tant que député.
« Je suis très présent en santé et mes actions le prouvent depuis 2003 », de dire le député, en rappelant quelques réalisations en ce qui concerne le financement pour les infrastructures et les équipements médicaux, dont la dyalise et, bientôt, espère-t-il, que l’Hôpital de Montmagny sera doté de l’imagerie par résonance magnétique.
Climat de terreur
« Les informations qui circulent depuis quelques jours créent un climat de terreur, alimenté par certaines personnes qui utilisent des demi-vérités pour justifier leurs actions, au détriment de l’intérêt public. Cela nuit assurément à l’attraction des médecins », a-t-il déclaré. Il a pointé du doigt l’organisation SOS Urgence, qu’il soupçonne même d’avoir un agenda politique caché.
« Quand on dit que le MRC de L’Islet est dépourvue de services et est en danger, parce qu’on a plus de médecins dépanneurs, c’est de la démagogie », a-t-il lancé, soutenant que les services d’urgence ne sont pas si éloignés pour sauver les vies que l’on dit.
Le député trouve aussi que l’organisme a été bien tranquille, alors que la ministre péquiste Agnès Maltais, responsable de la région de la Chaudière-Appalaches de septembre 2012 à avril 2014, n’a jamais déposé le rapport promis en janvier 2013, « qui devait permette de connaître les opportunités de l’Urgence du CLSC de Saint-Jean-Port-Joli, manquant ainsi à sa parole. »
Le spectre de la fermeture de l’urgence a bien entendu été évoqué. « Peut-être que ce que vous dites est vrai, de réagir M. Morin à la question d’un journaliste, mais nous n’en sommes pas encore rendus là. »
Recrutement et séduction
Le député a mentionné que son « travail c’est d’avoir des permis de retour en région », pour les médecins qui veulent passer d’une région à l’autre et, éventuellement, venir pratiquer ici. Il faut savoir que ces permis sont toutefois restreints. « J’ai réussi à avoir deux de ces permis pour Montmagny-L’Islet », a-t-il affirmé, soulignant que ceux-ci « ne sont toujours pas utilisés par le réseau de la santé local. »
Le travail du CSSS (Centre des services sociaux) « c’est de recruter des médecins et d’assurer la prestation de services dans ses établissements, tandis que le comité de la grande séduction et la communauté c’est d’être attractif. J’ai honoré mes engagements. Il n’en demeure pas moins que le recrutement médical est la pierre angulaire dans ce dossier. Maintenant, demandez aux autres partenaires quel est leur bilan », a-t-il laissé tomber.
Il a toutefois précisé que tout le monde a fait des efforts en ce qui concerne Saint-Jean-Port-Joli. « Même l’Agence [de la santé et des services sociaux de Chaudière-Appalaches] a octroyé un budget supplémentaire pour pallier au départ des médecins dépanneurs et engager des infirmières . »
Prenant pour exemple un comité de séduction du Nord du Québec, il mentionnait que là-bas tout le monde s’est mis de la partie pour faire valoir à une jeune médecin tous les avantages d’aller s’établir dans ce coin de pays. « Peut-être qu’ici il y a encore du travail à faire », de croire M. Morin.
Mesure temporaire
« Il y a eu la reconduction durant trois ans de l’entente avec les médecins dépanneurs qui est arrivée à échéance », a-t-il mentionné. Cette mesure temporaire avait été mise de l’avant en 2011, afin de donner du temps supplémentaire au réseau de la santé et à la communauté pour attirer des médecins à Saint-Jean-Port-Joli, comme cela a aussi été le cas dans d’autres régions du Québec. Dans la vague des compressions, le ministère de la Santé a coupé les budgets pour les médecins dépanneurs qui aidaient les équipes médicales permanentes.
« En Chaudière-Appalaches notre ratio médecin [population] est très bon, excellent même. Il est en surplus », de mentionner le député. « C’est la responsabilité du CSSS de répartir les médecins sur son territoire. Moi, je n’irai pas jouer dans ces plates-bandes-là. Ce n’est pas de ma compétence. Ce sont eux les spécialistes. »
À Saint-Jean-Port-Joli, les médecins dépanneurs couvraient environ la moitié du temps de l’urgence qui reçoit quelque 9 000 visites par année. Depuis le 1er octobre, il ne reste qu’un seul médecin à l’urgence de Saint-Jean-Port-Joli de 8 h à 16 h, en semaine. Une infirmière sera de service tous les jours et les fins de semaine, de jour et de soir. À compter de novembre, les heures seront réduites. Celles de la clinique sans rendez-vous seront restreintes à l’avant-midi dès le 1er décembre.
Soins optimums?
« Les médecins dépanneurs étaient censés épauler l’équipe médicale en place en travaillant sur les quarts de soir et de fin de semaine, mais, malheureusement, les médecins dépanneurs ont plutôt fait la majorité des quarts de travail. On pourrait croire que l’engagement de l’équipe médicale n’est pas optimal », de se questionner le député.
« Il faut rappeler que l’issue de ce dossier repose sur plusieurs personnes et que chacune est partenaire et qu’elle sera jugée en fonction du mandat qui lui a été confié », a-t-il aussi mentionné.
Il n’a pas caché sa déception de ne pas avoir réussi à convaincre son gouvernement de prolonger le service des médecins dépanneurs pour encore un an. « Mais c’est généralisé et on passe à autre chose », a-t-il soutenu. « Il s’en vient autre chose et j’espère que ça va combler notre manque. Nous allons bonifier la performance et j’espère que ça va rayonner jusqu’à Saint-Jean-Port-Joli », de conclure Norbert Morin.