Les Trois Mousquetaires du Bonnet

Les Trois Mousquetaires : Mario Tardif, Clément Leclerc et Christian Joncas. Absent : Bruno Castonguay. Photo : Maxime Paradis.

Ils ne sauvent pas de vies, mais en ces temps de pandémie, ils y sont pour beaucoup dans le maintien d’une bonne santé mentale pour les amateurs de plein air de la région. Bruno Castonguay, Christian Joncas, Clément Leclerc et Mario Tardif s’alternent dans l’entretien des sentiers du Rang Bonnet à Sainte-Louise, une implication bénévole à la fois valorisante et égoïste, qui prend soudainement une importance différente en cette période de confinement.

Christian Joncas surnomme son quatuor Les Trois Mousquetaires. Personne n’est nécessairement l’écho d’un des personnages de la trilogie d’Alexandre Dumas, mais on peut prendre plaisir à penser que Christian a la fougue d’un d’Artagnan, et que ses fidèles acolytes Bruno, Clément et Mario ont quelque chose d’Athos, Porthos et Aramis.

Outre l’époque, l’absence de cape et d’épée ainsi que la mission qui n’a rien à voir avec celle de sauver l’honneur de la reine de France, les mousquetaires du Bonnet sont néanmoins habités par un désir de servir Dame nature dans toute sa splendeur, en la rendant plus accueillante pour les usagers des sentiers du Rang Bonnet.

Ce petit coin de paradis à cinq minutes en voiture au sud du village de Sainte-Louise est l’un des secrets les mieux gardés du piémont des monts Notre-Dame. Amateurs de ski de fond, de raquettes ou de vélos à roues surdimensionnées (fatbike) de la région connaissent bien l’endroit depuis plusieurs années. Mais pour les néophytes en plein air d’hiver, aujourd’hui extraits de leurs chaumières par la force du confinement, l’endroit est assurément une découverte et un coup de foudre assuré.

« André Vézina est celui qui a tracé les sentiers à l’époque et qui les a entretenus durant plusieurs années. Ghislain Bérubé lui donnait aussi un coup de main. Mais il doit y avoir une vingtaine de kilomètres de sentiers. Avec le temps, c’est devenu trop », raconte Christian.

Dartagnan

Le mousquetaire déjà très actif au sein du Club de plein air des Aulnaies venait tout juste de vendre sa ferme à Saint-Roch lorsqu’il a décidé de s’engager dans l’entretien de ces sentiers, d’une part par égoïsme. Il ne s’en cache pas, l’amateur de fatbike en lui aime circuler sur de beaux sentiers pour la pratique de son sport chouchou. À ce chapitre, le Bonnet offre probablement un des cadres les plus idylliques pour s’y adonner dans la région.

Christian s’est donc pointé un bon matin chez Jean Morneau à Saint-Pascal et il est reparti avec une motoneige. « Le vendeur ne comprenait pas quand je lui disais que je n’aimais pas vraiment ça la motoneige. »

Le but était simplement d’avoir quelque chose pour tracer des pistes. Mais aujourd’hui il l’avoue, après trois ou quatre années à chevaucher son ski-doo, sa machine n’est plus qu’un outil qui vient faciliter son engagement. À glisser entre les sapins enneigés à une vitesse de 10 à 15 km/h quelques fois par semaine, le plaisir est devenu réel. L’engagement égoïste — s’il en a déjà été un — a aussi fait place au sentiment de faire œuvre utile.

« C’est agréable. Et c’est aussi une source de motivation que de croiser des gens qui nous remercient pour la qualité des pistes qu’on entretient. C’est valorisant », ajoute Christian.

Les Trois Mousquetaires

Cette énergie contagieuse a contribué à mobiliser les autres mousquetaires : Bruno, Clément et Mario. Clément habite au pied des pistes et il est rémunéré en partie par la Municipalité de Sainte-Louise, sa présence est donc plus régulière. Producteur agricole, Bruno fait sa part quand son horaire le permet. Mario, quant à lui, est venu compléter le quatuor cette année.

Les « anciens » ne sont pas bien loin, non plus, assure Christian Joncas. André Vézina, par exemple, aide toujours à la coupe des branches qui obstruent les sentiers. Il veille également à ce que l’affichage demeure adéquat pour les randonneurs. D’autres bénévoles se joignent aussi à l’occasion pour d’autres besognes, stimulés par les publications et les photos de ces corvées d’entretien sur la page Facebook du Club de plein air des Aulnaies.

« Je viens d’acheter un nouvel équipement pour niveler les pistes auprès d’un fabricant de Portneuf. J’en assume entièrement les frais, c’est ma contribution », indique Christian Joncas, l’esprit solidaire. Un pour tous, tous pour un, c’est ça être un mousquetaire.