Un prêtre homéopathe à l’île aux Grues… en 1885

À l’île aux Grues, la pratique médicale a longtemps constitué un défi. Durant nombre d’années, les médecins pouvaient traverser jusqu’à l’île en canot; grâce aux membres de la famille Lachance. Dans les années 1880, le curé de l’île Jean-Baptiste Plamondon (1832-1900) eut recours à l’homéopathie pour mettre un baume aux problèmes de santé des insulaires.

Jean-Baptiste Plamondon a un parcours atypique pour son époque. Né en 1832, il entreprend ses études à Québec. Admis au Barreau en 1859, il devient avocat à Chicoutimi. Après le décès de sa femme, il entre au Grand séminaire de Québec et devient vicaire, notamment à Cap-Saint-Ignace entre 1872 et 1875. Cette année-là, il accepte la cure de la paroisse Saint-Antoine-de-l’Île-aux-Grues de 1875 à 1885. 

Voyant l’absence de médecin à l’île aux Grues, le curé Plamondon étudie l’homéopathie au lieu de la théologie. Dans la correspondance qu’il fait parvenir à l’archevêque Elzéar-Alexandre Taschereau, il affirme que la médecine traditionnelle s’appuie sur de fausses théories. Certains médecins de la Côte-du-Sud, dit-il, utilisent l’homéopathie pour eux-mêmes et leur famille seulement, puisqu’ils savent que la communauté médicale regarde avec suspicion toute pratique homéopathique. À Montréal cependant, l’homéopathie gagne beaucoup de terrain à l’époque.

Très critique à l’égard de la médecine et des apothicaires, le curé Plamondon croit aux vertus spectaculaires de l’homéopathie. En visite à L’Islet, il donne des remèdes à un confrère atteint de lumbago et d’une indigestion. Les deux doses qu’il prodigua, raconte-t-il, permirent une guérison en une douzaine d’heures.

En quittant l’île aux Grues pour la paroisse Saint-Roch à Québec en novembre 1885, la réputation de Jean-Baptiste Plamondon le suivit. Et plusieurs personnes malades lui demandèrent des remèdes. L’histoire de l’homéopathie au 19e siècle est particulière, puisqu’elle met en scène deux visions opposées de la médecine et de la science.