Anticosti et la Côte-du-Sud

Anticosti, quel beau nom de lieu. Il évoque cette île majestueuse de l’estuaire du Saint-Laurent et une nature généreuse souvent modifiée par les marchands de bois ou les grands propriétaires comme le chocolatier français Henri Menier qui l’a possédée durant bon nombre d’années.

On oublie parfois que les chevreuils qui pullulent sur l’île Anticosti sont les descendants d’une poignée de cerfs de Virginie provenant de la Côte-du-Sud. Le chocolatier français Henri Menier qui acquiert une partie de l’île Anticosti décide de la convertir en territoire de chasse. En 1897, le trappeur Georges Boulay de Cap-Saint-Ignace lui fournit 150 daims. Une cinquantaine d’entre eux viennent du territoire au sud de L’Islet.

L’importation d’animaux ne se limite pas aux chevreuils. En 1901, 150 grenouilles léopards (Rana pipiens) sont capturées par un trappeur de Cap-Saint-Ignace pour être acheminées sur Anticosti. Il s’agit probablement de la grenouille léopard. On veut introduire cet amphibien pour lutter contre les «insectes piqueurs».

Henri Menier ne se limita pas à l’introduction d’animaux sur son île. Dans les années suivantes, il fit venir une goélette d’arbustes et d’arbres provenant de la pépinière Dupuis du village des Aulnaies. Des employés de cette entreprise dirigée par Auguste Dupuis (1839-1922) traversèrent à Anticosti pour y planter des arbres.

L’exportation d’arbres de la Côte-du-Sud n’est d’ailleurs pas un phénomène nouveau. En 1861, la Société impériale zoologique d’acclimatation (Paris) entreprenait des démarches pour faire venir du Canada des érables à sucre destinés à être plantés au bois de Boulogne. Le consul de France au Canada Charles-Henri-Philippe Gauldrée-Boileau demanda aux autorités du Collège de Sainte-Anne de se charger de cette mission. Selon les tables météorologiques du collège de Sainte-Anne, une centaine d’érables étaient expédiés en France en novembre 1861.