LA POCATIÈRE – Le milieu est inquiet à la suite du cri d’alarme lancé lundi dernier par les employés de l’usine Bombardier de La Pocatière. Ils déplorent la volonté de la multinationale de faire appel à la sous-traitance, ce qui réduit le nombre d’emplois à La Pocatière. Les intervenants souhaitent le maximum de retombées possible pour la région, alors que Bombardier se montre rassurant.
Lundi dernier, Mario Lévesque, président du syndicat des employés de Bombardier, Alain Lampron, président de la Fédération de l’industrie manufacturière et Nancy Legendre, présidente du Conseil central Bas-Saint-Laurent CSN, ont fait état d’une entente signée en février 2010 par Bombardier et le syndicat. Selon monsieur Lévesque, cette entente garantissait « l’exécution des activités de production, notamment pour les contrats avec la Chicago Transit Autorithy, la New Jersey Transit et la Société de Transport de Montréal (STM). » Cette entente fait l’objet d’une démarche juridique.
Le maire de La Pocatière, Sylvain Hudon, ignorait qu’une entente avait été conclue entre Bombardier et le syndicat des employés. Celle-ci est contestée par le syndicat. M. Hudon croit qu’il « faut attendre que les procédures en cours soient réglées. » Il insiste toutefois sur l’importance de travailler pour qu’il y ait le plus grand nombre d’emplois possible en région. Un comité travaille d’ailleurs à trouver de nouveaux débouchés pour Bombardier, notamment avec le projet du monorail, dit-il.
Le préfet de la MRC de Kamouraska, Yvon Soucy, souhaite lui aussi le plus grand nombre de retombées possibles pour les travailleurs et l’usine de La Pocatière, surtout avec la forte mobilisation qu’il y avait eue pour l’obtention de ce contrat. « L’ensemble des intervenants, on suit cela de près », dit-il.
André Simard
Député de Kamouraska-Témiscouata, André Simard est préoccupé par la situation. En 2006, il avait participé à la marche pour que le contrat soit octroyé à Bombardier. Au terme d’une saga de quatre ans, Québec accordait de gré à gré à Bombardier et Alstom le mandat de fabriquer les wagons du futur métro de Montréal. Selon monsieur Simard, on apprend que de la sous-traitance se fait ailleurs et que les retombées pour La Pocatière seront moindres que prévues.
Le député Simard se souvient que Bombardier avait fait valoir à l’époque que l’obtention du contrat lui permettrait de maintenir sa main-d’œuvre qualifiée et d’investir dans les équipements pour l’usine pocatoise. Le scénario a changé. Les toits des wagons prévus en acier inoxydable devaient être fabriqués à La Pocatière. Ils seront plutôt faits en aluminium par une entreprise américaine. La Pocatière ne possède pas la machine pour les faire. Le député aurait préféré que Bombardier investisse pour doter l’usine de cet équipement.
André Simard n’est pas contre l’utilisation de la sous-traitance, ce qu’il veut c’est que les retombées soient maximales pour la région et le Québec. Il se demande aussi si l’entente entre Québec et Bombardier contenait des engagements particuliers.
Norbert Morin
Le député de Montmagny-L’Islet, Norbert Morin, comprend l’inquiétude du syndicat tout en demeurant confiant que les parties trouvent une solution. Selon monsieur Morin, l’usine compte 550 employés, deux cents s’ajouteront l’an prochain.
Selon monsieur Morin, après 2018, il faudra trouver d’autres contrats pour assurer le développement de l’usine pocatoise.
Bombardier rassurant
De son côté, Bombardier Transport prétend qu’il peut faire appel à la sous-traitance selon l’entente et que si des pièces sont fabriquées ailleurs, c’est pour assurer la rentabilité de l’entreprise. Bombardier soutient qu’il n’aurait pas été rentable d’investir pour des équipements sans savoir s’ils serviront pour d’autres contrats. Néanmoins, l’entreprise soutient que dès l’an prochain, 700 personnes travailleront à l’usine de La Pocatière.
Son président, André Navarri, dit que Bombardier Transport s’est toujours battu pour l’avenir de l’usine de La Pocatière. Le président de Bombardier, Raymond Bachand, a pour sa part indiqué que la devise de Bombardier avait toujours été « d’avoir des relations harmonieuses avec nos employés. […] On va trouver une solution d’un commun accord et ça va se régler.»
Monsieur Navarri note que le Buy America, qui oblige les constructeurs ferroviaires à produire aux États-Unis au moins 60 % des voitures et locomotives financées par Washington, complique la tâche quand vient le temps de trouver du travail pour La Pocatière. Cette situation est aussi notée par le maire de La Pocatière, Sylvain Hudon, et le député Norbert Morin.
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Des centaines d’emplois en moins à La Pocatière : Le syndicat des employés de Bombardier dénonce le recours à la sous-traitance Un texte de Virginie Guibert Paru le lundi 7 mai |

