Butte de roche ou joyau kamouraskois?

SAINT-PHILIPPE-DE-NÉRI –  Un résidant de Saint-Philippe-de-Néri, M. Jean-François Vallée, s’objecte depuis un an aux travaux effectués sur un cabouron situé dans le champ agricole de M. Hervé Garon. Espace agricole inutilisable pour l’un, joyau naturel à conserver pour l’autre.

Le propriétaire des champs où est situé le cabouron explique que les superficies où la pierre est extraite seront restaurées une fois les travaux complétés. Hors de question de laisser un trou béant pour le producteur et loin de lui l’idée d’y établir une carrière permanente.

M. Garon utilisera ce fond rocheux, zoné agricole et inutilisable pour la culture, au lieu de s’étendre sur ses terres arables. Même le bois sur ces lots n’a aucune valeur commerciale, selon lui. « Les lots (trois au total d’une superficie de 1,5 hectare) seront aplanis et le terrain servira pour entreposer mon fourrage, y loger une remise et permettre l’accès aux champs du côté nord », explique M. Garon. Il mentionne aussi avoir rapatrié des parcelles de terre cultivable supplémentaires grâce à ces travaux.

De son côté, M. Vallée doute que l’argument de récupérer une partie de terrain non cultivable soit la priorité de l’agriculteur. Il y voit un aspect pécuniaire au détriment de l’homogénéité du paysage. « La largeur du premier lot était suffisante pour les besoins du producteur », note-t-il. « Alors pourquoi avoir demandé une exploitation pour un deuxième et troisième lot? », se questionne-t-il.

M. Garon dit ne pas faire fortune avec l’exploitation d’une partie du cabouron. Il ajoute que Saint-Philippe touche aussi sa part en redevances sur chaque tonne exportée du champ en plus des taxes municipales.

« C’est très loin, mais vraiment à des milliers de kilomètres de ce que prétend M. Vallée en disant que j’ai trouvé la façon de devenir millionnaire », raconte-t-il. Celui-ci faisant référence à une lettre d’opinion, « Comment devenir millionnaire au Kamouraska », écrite par le citoyen de Saint-Philippe et publié dans Le Placoteux l’an dernier lors des travaux de dynamitage.

Le citoyen calcule que 60 000 tonnes rocheuses ont été arrachées du cabouron, tandis que l’agriculteur assure que seulement 15 000 tonnes ont été exploitées jusqu’à présent.


Sur place, Hervé Garon assure que le terrain sera aplani et qu’aucune trace de carrière ne sera visible.
Photo: Tommy Lavoie

Infraction

Selon Jean-François Vallée, les élus et les citoyens n’ont pas été informés avant que le déboisement des lots soit effectué. Il déplore aussi que le producteur n’ait pas minimisé les bruits de dynamitage et effectué des travaux jours et nuits avec l’aide de projecteurs. Il reproche en plus aux exploitants d’avoir fait fi d’un périmètre de 600 mètres à respecter autour d’une zone habitée.

Des irrégularités mineures rapidement corrigées de dire M. Garon, qui admet ne pas avoir demandé les dérogations nécessaires pour les quatre jours de travail. Le dynamitage, ajoute M. Garon, a été entrepris par des spécialistes et tous les risques ont été calculés.


Photo: Tommy Lavoie

Utilisation de la pierre

La pierre extraite sert pour des travaux réalisés sur le territoire du Kamouraska dépendamment de la demande et selon les contrats obtenus par soumission par l’entrepreneur Mario Garon de Transport en vrac Saint-Denis. La pierre n’est pas exportée à l’extérieur de la région, selon M. Garon. La stabilisation des berges de la rivière Fouquette est un exemple d’utilisation de cette ressource.

Hervé Garon ne voit pas pourquoi la qualité de vie des citoyens est brimée avec comme nouvelle vue l’église de Saint-Denis. L’erreur, d’après lui, aura été de déboiser les devants du rocher avant d’entreprendre les travaux. « Pour l’instant, c’est l’aspect carrière qui semble déranger M. Vallée », dit-il.


Vue sur Saint-Denis
Photo: Tommy Lavoie

« Je ne suis pas contre toutes formes d’exploitation, mais celui dont il est question fait figure d’île dans les champs. Est-ce que l’Agriculture doit utiliser 100 % du territoire au détriment de nos montagnes? Il y a des zones où prendre de la pierre n’aurait aucun impact sur le paysage. Là, c’est s’en prendre à un petit restant de nature dans ce champ », s’oppose M. Vallée.

Depuis six mois, il est impossible d’obtenir un permis d’exploitation au Kamouraska. La MRC déposera sous peu un nouveau règlement de contrôle intérimaire afin de réglementer cette exploitation sur les terres privées.