Carte électorale : Un jeu de cartes entre le DGEQ et les élus

Le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) et les élus de l’Assemblée nationale jouent un jeu, un jeu de cartes. Plus précisément, celui de la carte électorale. Est-ce que le DGEQ réussira cette fois à remporter la mise? Il a joué une première donne le 20 septembre avec le dépôt en Assemblée nationale de sa nouvelle carte électorale. À l’enjeu s’il l’emporte, l’élimination de la circonscription de Kamouraska-L’Islet, pour celle de la Côte-du-Sud.

On sait que le DGEQ veut conserver le nombre de circonscriptions à 125, en éliminant trois en région, tout en en créant trois nouvelles dans la couronne de Montréal, respectant ainsi les impératifs démographiques.

Les élus de l’Assemblée nationale veulent, quant à eux, en créer trois nouvelles pour porter leur nombre à 128, c’est-à-dire conserver celle de la configuration actuelle et en créer trois nouvelles dans la couronne de Montréal.

Avantage DGEQ

Le DGEQ Jacques Drouin a montré sa seconde donne le 20 octobre. Il a fait publier son projet de carte électorale dans la Gazette officielle du Québec. Ainsi, la nouvelle carte électorale entrerait en vigueur au moment de la dissolution de l’Assemblée nationale pour la tenue des prochaines élections générales, sauf si cette dissolution survient avant le 21 janvier 2012, soit à l’intérieur d’un délai de trois mois suivant la publication de la liste des circonscriptions à la Gazette officielle du Québec.

Dans une entrevue livrée au Soleil le 20 octobre, sous la plume de Jean-Marc Salvet, le DGEQ ne veut en aucun cas que l’Assemblée nationale touche au projet de la nouvelle carte électorale, pour lequel la Commission de la représentation électorale a été formée.

Aux élus de jouer

Le député de Kamouraska-Témiscouata, André Simard, a tenu à placer l’annonce de la publication dans son contexte. « Dans l’immédiat, ça ne change rien. C’est vrai, si dans trois mois, rien ne s’est passé, la circonscription sera dissoute. Mais nous n’en sommes pas encore là. Ça s’effectue en parallèle des efforts actuels », a-t-il affirmé au journaliste François Drouin de l’Info-Dimanche.

En effet, les élus disposent d’une carte spéciale pouvant leur donner la victoire, celle de la Loi 19.

Et, puisque Mme Pauline Marois a affirmé en Assemblée la semaine dernière qu’elle se rangerait du côté des libéraux pour adopter le projet de Loi 19, on pourrait croire que les élus sont sur le point de crier victoire. « Le Parti libéral du Québec doit présenter son projet de loi 19 et nous au PQ, nous avons déjà annoncé qu’il obtiendra notre appui », d’ajouter M. Simard. C’était mercredi dernier.

Ce n’est pas l’opinion du député libéral de Montmagny-L’Islet, Norbert Morin. En entrevue avec Le Placoteux vendredi, ce dernier s’est montré sceptique quant aux chances de succès du ministre Yvon Vallières de rallier les élus en faveur de la Loi 19.

« La Loi 19 sera rapidement déposée en assemblée si nous réussissons à rallier en bloc les députés du Parti québécois », de préciser M. Morin, soulignant l’importance d’un consensus général très large. « On ne veut pas une simple majorité à 50 + 1, mais un vote supérieur au 2/3 des députés. Si on en a la certitude, on dépose le projet dès mardi », de préciser M. Morin.

Par contre, après avoir parlé au ministre Vallières (jeudi dernier), M. Morin se fait de plus en plus sceptique. « M. Vallières n’a pas encore l’assurance et dans mon fond intérieur, je ne sens pas une volonté du côté du Parti québécois de passer à l’action », de mentionner le député.

Pourrait-il y avoir « bluff » entre les élus eux-mêmes? Seront-ils en mesure de jouer leur dernière carte, celle de la Loi 19 ou serait-ce un projet qui s’écroulera comme un château de cartes?