Ces drôles de foulards!

Mes Dames du Cercle de Fermières de Saint-Pacôme,

En passant devant la bibliothèque Mathilde-Massé de Saint-Pacôme, je me suis plusieurs fois demandé, mais qu’est- ce qu’ils font ces foulards sur les colonnes du portique? 

J’étais au courant qu’à l’occasion du centenaire de sa fondation, le Cercle de Fermières se proposait de sortir dans la rue. Au cours de l’année, un peu partout sur les places publiques des villages et des villes du Québec, on voit des installations artisanales témoigner de son histoire. Ici à Saint-Pacôme, vous  avez choisi un objet – le foulard tricoté, un geste – l’enveloppement, un support – les colonnes d’un portique pour vous manifester sur la place publique. Un choix qui ne manque pas de surprendre.  

Vous reprenez un geste intime, chaleureux, émouvant – celui de nouer autour du cou d’un enfant, d’un mari, d’un amant, d’un être cher le foulard qu’on a tricoté pour lui. Mais que faites-vous quand vous détournez ce geste de son sens et de sa fonction habituels, en nouant des foulards sur le support incongru d’une structure architecturale?

Il y a plusieurs réponses possibles à cette question. Je vous en propose une. Les foulards que vous avez enroulés à l’entrée de la bibliothèque unissent dans une même spirale deux mondes culturels que l’on considère habituellement comme incompatibles et même antagonistes. Quoi de plus traditionnel, en effet, que le foulard tricoté main, et de plus contemporain que les lignes architecturales de la bibliothèque Mathilde-Massé? Une association audacieuse, mais pertinente. Une heureuse tentative d’apprivoiser une nouveauté, d’accueillir une différence au moyen d’un témoin de votre savoir-faire centenaire. Ces drôles de foulards attestent votre capacité à dire aujourd’hui des choses essentielles.

Claudette Isabelle
Saint-Pacôme