Chasse à l’arbalète, rappel important avant de partir

 

Nous sommes dans les derniers préparatifs avant le début de la saison. Je veux vous partager une expérience que j’ai vécue il y a quelques années. Cette saison-là, j’ai eu la chance d’aller guider un parent et nous avons vécu des moments exceptionnels qui se sont malheureusement soldés par une amère déception.

 

Après un premier avant-midi sans grande action, j’ai réussi à intéresser un mâle d’environ 35 pouces d’envergure de panache. Ce dernier était accompagné d’une femelle et la partie était loin d’être gagnée d’avance car à chaque fois que le mâle semblait progresser vers moi, la femelle émettait des plaintes pour le ramener à lui. Cette femelle ne savait pas par contre que j’étais assez difficile à décourager et à chacune de ses plaintes, j’émettais des plaintes encore plus convaincantes qu’elle. Après une bonne heure à jouer avec ce mâle et cette femelle, le mâle a finalement pris sa décision et a quitté sa femelle pour venir à ma rencontre. Je l’avais finalement convaincu que j’étais une femelle encore plus prête à s’accoupler. Je voyais cet orignal descendre d’un bon pas la montagne et du coin de l’œil, j’apercevais mon chasseur tout sourire qui savait qu’il aurait sa chance de faire mouche. Comme je l’avais prévu, l’orignal est sorti du bûché et s’est aventuré dans le petit chemin forestier où le chasseur était posté. L’animal était parfaitement positionné de côté à une distance d’à peine 10 mètres. Normand épaula son arbalète et visa la bête et appuya sur la gâchette. La flèche passa au travers de l’animal qui déguerpit aussitôt.

 

Après une attente d’une heure, les recherches débutèrent. Malheureusement, je me rendis rapidement compte que l’animal n’avait pas été atteint aux poumons. Après plus de 300 mètres de recherche en forêt, le doute était bien installé dans mon esprit et je commençais à penser à un tir d’apophyse qui n’est pas mortel. Je commençai à parler plus longuement avec mon chasseur qui me confirma qu’il s’était pratiqué à 40, 50 et même 60 mètres et qu’il atteignait la cible avec une précision déconcertante.  Je lui demandé alors s’il avait aussi pratiqué à 10 ou 20 mètres. Il me répondit par la négative… Il me dit alors… J’ai oublié de compenser pour un tir aussi près et j’ai pris ma référence de 40 mètres (la distance la plus courte qu’il avait testée).  Je ne pensais jamais voir un orignal d’aussi près et je n’ai pas pensé à ce détail important.

 

Le lendemain matin au lever du soleil, nous sommes retournés pour tenter de retrouver ce mâle. Après trois autres heures de recherche et plus de 1000 mètres parcourus, nous avons du nous résoudre à abandonner les recherches. La bête ne saignait plus et tout au long du parcours que nous l’avons pistée, elle ne s’est jamais couchée.

 

Rendu au campement, Normand sortit son arbalète et tira quelques flèches à 10 mètres en utilisant son point de référence de 40 mètres qu’il avait utilisé. La marge d’erreur était constante : 5 pouces plus haut… Ajoutez à cela l’énervement du moment et on peut penser que ce chasseur a tiré au moins six à 8 pouces plus haut que prévu.  Que faut-il en tirer comme leçons? Premièrement, je vous conseille d’ajuster la croix du centre de votre télescope à 25 mètres. C’est amplement suffisant. Enfin, il ne faut pas seulement pratiquer des tirs à longue distance mais aussi de très près pour valider la ligne de visée à utiliser. Pour éviter toute confusion en situation de chasse, vous pouvez aussi coller une image de votre réticule et indiquer à quelle distance correspond chaque ligne de visée. En terminant, 2 ans après cette mésaventure, j’ai eu la confirmation que ce mâle avait été blessé d’un tir d’apophyse car je l’ai finalement fait récolter par mon chasseur et la blessure cicatrisée était encore bien évidente.