Non, mais… admettez que c’est rigolo : le mode d’attribution de presque la totalité des contrats publics québécois. Pas compliqué, la poche est au plus bas soumissionnaire!
La Commission Charbonneau a tenté de mettre en place des correctifs à cette pratique. Le gouvernement fait des vœux pieux tout en continuant à maintenir cette hérésie au dépend de la qualité, de l’innovation, de la sécurité et de la longueur de vie que pourraient avoir ces contrats avantageusement remplis. Indécrottablement favorisé : le plus bas soumissionnaire.
D’ailleurs, le président de la FCCQ (Fédération des chambres de commerce du Québec), Charles Milliard, relève ce problème social récurent. La conscience gouvernementale a la vie courte… même si elle favorise l’achat local. Son entêtement à ignorer les critères de qualité du travail et d’innovation nivelle par le bas, les soumissionnaires.
C’est clair : ainsi notre gouvernement tue à petit feu des soumissionnaires méritants ou, pour ceux qui innovent, les font fuir à l’extérieur du Québec, là où les critères de choix des soumissionnaires tiennent compte de qualité et d’innovation. Socialement, nous nous retrouvons « Gros-Jean comme devant », Jour de la Marmotte infini.
En fait, la FCCQ insiste inlassablement sur le mode de choix du soumissionnaire. Nous devrions tenir en compte pour l’attribution de nos contrats publics : qualité, expertise, innovation, durabilité et des critères socio-environnementaux.
Selon l’objet du contrat, il y a plusieurs formes de grille d’évaluation, mais personne ne se casse la tête : le plus bas prix est un passage gouvernemental obligé. Tic social de l’économe qui est à réformer, car malheureusement, les fonctionnaires se retrouvent pris entre l’arbre et l’écorce dans ce jeu du « au plus bas la poche ».
Il faut penser plus loin que « la poche ». Si le soumissionnaire doit miser sur des matériaux de moindre qualité, des solutions plus rapides pour avoir et « exécuter » son contrat, il n’y a pas que la qualité qui est mise en jeu, la sécurité aussi. Nous sommes collectivement toujours perdants.
Nous payons pour du travail où la conscience professionnelle est ardue, marquée par ce critère du « au plus bas la poche ». Notre gouvernement force ainsi : une exécution de contrat souvent bâclée, irrespectueuse de nos deniers publics. Il y a pourtant une parade pour pallier à cette erreur collective de jugement : redonner les contrats de « gré à gré » aux soumissionnaires méritants. Cool non?!
Le soumissionnaire méritant se voit offrir, pour renouveler l’exécution appréciée de son contrat, rien de plus, ou un gros 1 % d’augmentation. Le ridicule tue… à petit feu.
Le fonctionnaire est peinturé dans le coin, le soumissionnaire méritant se retrouve financièrement coincé, impossible de prendre de l’expansion, d’innover et de répandre ce précieux esprit d’entreprise du travail bien fait. Nous sommes doublement perdants de la qualité et l’expertise.
La source du jeu du « au plus bas la poche » est gouvernementale. Pour en finir avec ce jeu du « au plus bas la poche », espérons-en la volonté de notre gouvernement de mieux former les fonctionnaires et d’offrir un accompagnement personnalisé aux PME. Notre salut y réside peut-être… Comme le souligne Charles Milliard, cette volonté gouvernementale « constitue un signal important envoyé aux différents ministères et organismes ».