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Cultivons l’avenir 2: des négociations inquiétantes

(Source : UPA site web)
Les négociations entre les provinces et le fédéral sur Cultivons l’avenir 2 (CA-2) doivent se terminer en septembre prochain selon l’échéancier prévu. Des informations commencent toutefois à circuler et différents scénarios sont évoqués, qui soulèvent de vives inquiétudes.

Dans un récent communiqué, la Fédération canadienne de l’agriculture attire notamment l’attention sur l’avenir des programmes de gestion des risques, Agri-stabilité en particulier. Dans ce cas, trois options seraient sur la table: ramener le seuil de déclenchement de 85 % à 70 %, le baisser davantage (50 %) ou éliminer le programme.

Mais voilà, quand le revenu brut des producteurs chute de 30 %, on peut supposer qu’il y a longtemps que leur revenu net a disparu! Pas besoin de s’attarder aux deux autres scénarios pour comprendre que des modifications de ce genre rendent le programme complètement inefficace.

Il s’agirait, ni plus ni moins, d’un désengagement du fédéral dans la gestion des risques de nos entreprises agricoles. Au Québec, cela aurait pour effet de réduire les transferts fédéraux de plusieurs dizaines de millions annuellement, voire au-delà de cent millions.

Cela entraînerait une augmentation des coûts de l’ASRA pour La Financière agricole, une réduction significative de la couverture des risques de marché et de production dans les secteurs qui n’ont ni ASRA ni gestion de l’offre et une baisse importante de couverture en cas de sinistre pour toutes les entreprises agricoles, quelle que soit leur production.

Sabrer ainsi la gestion des risques serait hautement préjudiciable au développement du secteur agricole. On exposerait nos entreprises à des niveaux de risque impossibles à contrôler à l’aide des pratiques de gestion habituelles. Ce sera difficile de s’attendre qu’elles se taillent une place sur les marchés, alors qu’on les prive d’un niveau de soutien inférieur à la concurrence.

Le fédéral souhaiterait aussi investir davantage dans l’innovation, selon les scénarios évoqués. On y est favorable, à condition de ne pas le faire au détriment des programmes de gestions des risques. Innovation et gestion des risques sont complémentaires; on ne peut les opposer. Cela dit, si l’innovation est une priorité, comment expliquer les récentes coupures dans des secteurs de recherche névralgiques pour certaines productions au Québec?

La négociation des ententes fédérales-provinciales est toujours difficile. Chaque province a son agriculture; leur potentiel et leurs besoins sont différents. L’entente doit tenir compte de cette réalité pour utiliser les budgets efficacement. Elle ne doit pas non plus prendre prétexte du répit relatif que traverse actuellement l’agriculture canadienne dans certaines productions pour réduire la couverture des risques, surtout dans une économie mondiale encore très fragile.

Au contraire, il faut en profiter pour renforcer les bases de notre secteur agricole afin de générer les investissements qui vont stimuler sa compétitivité. L’avenir de l’agriculture du Québec et la possibilité pour son gouvernement de développer une politique agricole forte et efficace dépendent grandement de ce que le MAPAQ réussira à obtenir dans ces négociations.