LA POCATIÈRE — À 15 ans, Christine Labrecque et sa meilleure amie se lancent un défi : écrire une histoire de 100 pages avant d’avoir 20 ans. Trois ans plus tard, Christine accouche d’un manuscrit de plus de 400 pages qui, en 2011, sera publié sous le titre de « Sarah, fille de dragon. »
Mis en livre, le roman fantastique fait quelque 700 pages. Une bonne brique, comme on dit. Christine a 25 ans. Elle est jolie comme l’accent madelinot qui berce sa voix. L’écriture est une véritable passion pour elle. Les idées ne manquent pas et elle travaille déjà sur son prochain bouquin. La jeune auteure est fière d’avoir réalisé son rêve, d’autant plus qu’à 10 ans elle a été diagnostiquée du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme.
Christine Labrecque était invitée à venir parler de sa démarche littéraire, mardi dernier, au Cégep de La Pocatière, dans le cadre de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur. Une douzaine de personnes sont venues l’écouter dans la bibliothèque. Où diantre étaient les étudiants ?
Celle qui a dû prendre sa place malgré ses différences a livré un beau message d’espoir pour tous ceux qui hésitent à aller au bout de leurs rêves. Christine souhaite aller visiter le Japon. Parions que ce sera chose faite d’ici quelques années…
Son enfance
Enfant, Christine était une grande lectrice. « Au primaire, j’avais toujours un livre à la main », dit-elle. Elle écrivait aussi. De courtes histoires de deux à trois pages. Déjà, elle aimait les aventures fantastiques. Entre 15 et 18 ans, elle rédige son premier vrai roman, d’abord pour honorer son pari. L’idée de le publier viendra en cours de route.
Christine a étudié dans son coin de paradis : les Îles de la Madeleine. Puis, un jour, elle est venue faire Santé animale au Cégep de La Pocatière. Deux années de suite, elle chante à Cégep en spectacle. Ensuite, il y a eu le travail. Un jour, elle se retrouve en chômage. Pas question de rester à ne rien faire.
Elle entreprend les démarches pour publier son manuscrit. Le dragon roupille depuis sept ans dans son tiroir. La jeune femme quitte les îles pour se rendre au Salon du livre de Montréal dans le but de le proposer à cinq éditeurs. Évidemment, elle essuie autant de refus. Mais avec les conseils d’une auteure, Francine Allard, elle parvient à convaincre l’un d’eux de la publier.
Déterminée
Christine Labecque était déterminée. En cas d’échec avec un éditeur, elle avait un plan B : le publier à ses frais. Maintenant, elle peut rencontrer les lecteurs, participer aux salons du livre et accorder des entrevues dans les médias en se présentant comme auteure.
Tout cela a demandé du travail et de la réécriture, surtout des quatre premiers chapitres. Mais Christine l’a fait avec passion. L’écriture lui a permis de prendre confiance en elle, de se découvrir. Elle ne cache pas que son personnage de Sarah qui doit aussi vivre avec des différences, est basée sur sa propre adolescence. « Passer à travers les difficultés de la vie, à travers le rejet, ça aide à grandir », dit-elle.
Au pays des dragons
« Sarah, fille du dragon » est publié chez Marcel Broquet, la nouvelle édition. Il raconte les aventures d’une orpheline qui doit apprendre à chasser les dragons : un privilège réservé aux hommes. Non seulement forcée de dissimuler son identité, elle doit également masquer sa fascination et sa sympathie envers ces créatures persécutées que l’on extermine sans retenue.
À quinze ans, animée par une ancienne prophétie, elle amorce un long voyage à travers le Royaume, afin d’y rencontrer les sept dragons y habitant. Un désir la guide : rétablir la paix entre les humains et les dragons. Un récit fantastique, d’aventure et de courage.