Découverte d’un possible site amérindien à La Pocatière

LA POCATIÈRE – Nicolas Thiboutot avait moins de 12 ans la première fois qu’il a trouvé une étrange digue de roches en se promenant dans les bois. Des roches bien cordées, droites, à 90 degrés. En 2009, une fois adulte, il y retourne afin de poursuivre ses recherches et découvre alors d’autres monticules, plus gros. Il se demande alors s’il ne s’agirait pas de sépultures amérindiennes.

À la suite de la découverte de ces lieux chargés de questions, M. Thiboutot entre en contact avec Euchariste Morin, responsable des dossiers en archéologie à la direction régionale du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine. Ce dernier a dépêché un archéologue, M. Frank Rochefort, en juillet dernier, afin d’examiner les découvertes du randonneur.


Vue de la structure 1 vers l’est.

L’archéologue a procédé sur le terrain à une inspection visuelle et a examiné la structure des sols. Lorsque possibles, en raison de la végétation dense, des photos ont été prises pour le rapport d’expertise.

Observations

La dimension des monticules de pierres varie. La plus petite structure fait environ 3 m de largeur sur 10 m de longueur, avec une hauteur approximative de 1 m. La seconde structure de pierre fait environ 3 à 4 m de largeur sur 15 m de longueur et environ 1 m à 1,5 m de hauteur. La troisième structure est la plus impressionnante, selon le rapport de l’archéologue, avec une longueur d’environ 15 m sur une largeur de 5 m et une hauteur relative de 1,5 m.


Vue du côté vertical de la structure 1.

L’archéologue rapporte dans son rapport un modus operandi dans la façon dont les structures ont été érigées. « Un côté forme un muret vertical d’environ trois ou quatre assises. Le reste de la structure est un empilement de pierre sans structure formant une pente. Les structures sont composées de pierre d’environ 10 à 40 cm de longueur », peut-on y lire.

Interprétation

L’archéologue expliquait à M. Thiboutot que ce type d’amas se trouve habituellement dans les boisés avoisinant les champs des agriculteurs; ce qui explique plus facilement leur origine. Toutefois, en plein bois, les hypothèses sont nombreuses.


Vue de la structure numéro 3

Comment donc interpréter cette découverte? « Le problème réside surtout dans la compréhension de la fonction de ces structures et de savoir qui les a aménagées puisqu’aucun indice de l’identité des occupants n’a été retrouvé sur place », note l’archéologue. Selon les hypothèses soulevées, il serait possible que ces structures aient comme fonction de garder un secteur à sec lors des crues printanières ou bien de servir d’affût pour le gibier lors de la chasse, tout comme elles auraient pu servir au séchage des viandes.

Les plus petits amas de pierres situés à proximité de la troisième structure pourraient être des sépultures selon une autre hypothèse.


Nicolas Thiboutot présentant l’un des petits monticules trouvés.

Suivant l’expertise de l’archéologue, une inspection plus approfondie du secteur permettrait d’identifier la fonction et la raison d’être de ces structures. Pour l’instant, le ministère ne compte pas étudier davantage ce site puisque son emplacement n’est pas menacé de démolition. Toutefois, M. Euchariste Morin ne tire pas un trait définitif sur des recherches ultérieures afin de répondre aux questions soulevées par le rapport de M. Rochefort.

Et, en y retournant cet automne, accompagné d’une cousine et d’un ami, Nicolas Thiboutot a recensé d’autres monticules, ce qui amène maintenant le compte à onze.