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Dernier tour de piste d’un géant de la radio

LA POCATIÈRE – Dans moins d’un mois, M. Gilles Gosselin, directeur général de la station CHOX-FM de La Pocatière, tournera la page sur une carrière de plus de 50 ans dans l’univers médiatique de Kamouraska-L’Islet. Sur cela, il aura passé plus de 43 ans à l’emploi de la radio de La Pocatière.

C’est suite au décès accidentel de trois de ses annonceurs, à l’automne 1962, que M. Gilles Gosselin s’est joint à l’équipe de CHGB 1310 en décembre de la même année. À l’époque, M. Thomas Desjardins, qui était propriétaire de la station, avait manifesté son intérêt à avoir recours à des annonceurs qui en étaient encore à leurs débuts dans le métier. « J’arrivais de la station CHLC à Haute-Rive, aujourd’hui Baie-Comeau, sur la Côte-Nord. CHGB venait d’emménager dans ses nouveaux locaux au 708, 4e Avenue à La Pocatière. Tout était neuf », racontait-il.
Dans les années suivantes, CHGB connaîtra une incroyable expansion avec l’arrivée aux commandes de M. Marc-André Frève qui ouvrira une deuxième station, CHGB-FM, et qui fera passer l’équipe d’animateurs de cinq à onze.

Départ et retour à La Pocatière

En 1967, M. Gosselin quitta la radio de La Pocatière pour assumer les fonctions de responsable de l’information et de l’animation à la télévision de Rivière-du-Loup. Rapidement, il deviendra l’homme de confiance de M. Luc Simard, à l’époque propriétaire de la chaîne CKRT et de la radio CJFP, aujourd’hui CIEL-FM à Rivière-du-Loup.

En 1977, lorsque la radio de La Pocatière connaît une période financière trouble, il était devenu nécessaire que cette dernière trouve de nouveaux investisseurs pour sa survie. « M. Simard couvrait déjà tout le territoire de Charlevoix, Kamouraska, Rivière-du-Loup et Témiscouata avec la télévision, de là les lettres d’appel CKRT. En se portant acquéreur de la radio de La Pocatière, il se retrouvait à desservir le même territoire au niveau de ses radios ». Pour Luc Simard, une seule personne pouvait diriger CHGB, et cette personne, c’était Gilles Gosselin. « J’y avais travaillé pendant quatre ans, j’avais marié une fille de La Pocatière et je considérais que les gens du milieu se devaient de garder un service local. J’avais un attachement. Un propriétaire extérieur à la région n’aurait pas eu le même intérêt à l’opérer », de confier celui qui deviendra aussi un des actionnaires de l’entreprise, au fil du temps.

Incendie et passage au FM

L’incendie de l’édifice Lebel, qui abritait la station CHGB, le 17 mars 1989, pavera la voie à des années plus difficiles pour la radio de La Pocatière. « Il y avait une crise économique, la télévision était très forte et les commerces étaient devenus plus frileux à annoncer en raison des fuites commerciales vers Québec et Rivière-du-Loup », rappelait-il. 

Malgré tout, c’est dans ce contexte que le Groupe Radio Simard fera office de précurseurs en demandant au CRTC de passer la station CHGB 1310 de la bande AM au FM. « Nous avons été la première station au Canada à le réaliser. Avant cela, le CRTC autorisait une station FM seulement s’il y avait une station AM dans le marché. On leur a démontré que c’était impensable pour La Pocatière ». CHGB 1310 est devenue CHOX-FM à la fréquence 97,5 le 23 avril 1992, notamment grâce à la volonté du groupe de maintenir une station dans le milieu, mais aussi grâce à l’aide financière de gens d’affaires et du clergé, qui auront aidé à réaliser les investissements que ce changement nécessitait.

Héritage

Au cours de sa carrière, M. Gilles Gosselin aura contribué à l’embauche et à la formation de plus de 142 animateurs et journalistes. De ce nombre, mentionnons l’actuel député libéral de Rivière-du-Loup-Témiscouata, M. Jean D’Amour; Marc Larouche, animateur télé et ancien correspondant pour le journal Le Soleil au Bas-Saint-Laurent; Daniel Saint-Pierre, actuel animateur du matin de l’émission Bonjour Grand Portage à CIEL-FM, Stéphanie Gendron; coordonnatrice à l’information à l’hebdomadaire Le Placoteux et journaliste-pigiste pour le Journal de Québec au Bas-Saint-Laurent, ainsi que l’auteur de ces lignes.

Toutefois, toute l’énergie et l’amour qu’il a mis au maintien d’une radio locale à La Pocatière constituent, sans l’ombre d’un doute, son plus grand legs au grand Kamouraska-L’Islet. « Les gens d’ici ont une mentalité différente des gens de Rivière-du-Loup. On doit respecter cela. C’est pourquoi l’importance d’une radio à La Pocatière doit se perpétuer », concluait-il, visiblement ému.