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Énergie Est: fuite de la stratégie confidentielle de TransCanada

Des documents secrets de la compagnie TransCanada, publiés par Greenpeace Canada, révèlent en détail la stratégie de relations publiques que compte employer la pétrolière afin de faire accepter dans l’opinion publique son projet Énergie Est, estimé à 12 milliards de dollars.

La documentation a été produite par l’une des plus importantes firmes de relations publiques au monde, Edelman.

On apprend dans ces documents que l’idée de créer de toutes pièces en 2014 une mobilisation citoyenne pour le projet a été transmise à TransCanda, stratgéie qui amènerait quelque 35 000 personnes à commenter favorablement sur les blogues, articles de presse, en écrivant des lettres aux journaux et en publiant des messages sur Facebook et Twitter, entre autres. L’une des étapes les plus importantes de cette campagne de relations publiques pour TransCanada, apprend-on également, est de définir le projet à la population selon ses propres termes, qui insistent sur la sécurité, les bénéfices économiques et les faibles risques environnementaux.

PAYER DES PARTISANS

Le document intitulé « Strategic Plan : Québec » et daté du 20 mai 2014 suggère aussi à la compagnie de « recruter les partisans de la plus haute qualité au plus bas coût possible. Généralement, entre 4,50 $ et 7,75 $. » On ne précise pas s’il s’agit d’un tarif horaire, à la pièce selon le nombre de messages écrits ou autre.

Edelman recommande aussi des acquisitions en ligne, telles des campagnes de publicité ciblées et des partenariats directs avec des blogues ou des communautés, « des stratégies qui ont prouvé leur efficacité. »

Le porte-parole de TransCanada, Tim Duboyce, a reconnu mardi matin sur les ondes de Radio-Canada qu’il s’agissait là de recommandations et que sa compagnie ne les a pas toutes mises en application. Notamment, il indique que TransCanada a laissé de côté l’idée de payer des partisans, arguant qu’il ne s’agissait pas là de la façon de faire de TransCanada.

Il ajoute que s’allier des personnalités influentes connues, comme le maire de Montréal Denis Coderre serait « une bonne idée ». Il ajoute que les médias locaux ont une importance particulière pour TransCanada, puisqu’ils reflètent les préoccupations des populations locales, ce qui n’est pas le cas dans les médias nationaux.

TRANSCANADA INQUIÈTE

« TransCanada est clairement inquiète de l’opposition grandissante contre Énergie Est, leur pipeline de pétrole bitumineux, affirme Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace au Québec. Ces documents montrent que TransCanada planifie une campagne de coups bas, en faisant appel à une tierce partie pour attaquer et décrédibiliser ses critiques. »

Les documents confidentiels, rédigés entre mai et août 2014, révèlent une stratégie visant à « compliquer la tâche des détracteurs, détourner leur attention de leur mission et les pousser à rediriger leurs ressources » en faisant appel à des tierces parties qui pourraient parler et agir « lorsque TransCanada est incapable de le faire ». Le document cite les noms de quelque 40 employés d’Edelman et 9 employés de TransCanada impliqués dans cette campagne, dirigée depuis le bureau de l’agence à Washington. Le site Web faisant la promotion d’Énergie Est – récemment lancé par TransCanada – figure dans la stratégie détaillée dans ces documents.

EN RÉGION

Les documents secrets font état des réalités régionales, mentionnant notamment que le projet qui verrait l’installation de réservoirs à Cacouna suscite de l’inquiétude dans la population quant à de possibles incidents qui pourraient affecter l’environnement.

On fait également mention de discussions avec le préfet de la MRC de Témiscouata, qui n’est pas contre le projet, mais qui aimerait que le BAPE soit impliqué entre autres en ce qui a trait aux redevances monétaires engendrées par la passage de l’oléoduc. Enfin, on mentionne que Saint-Bruno-de-Kamouraska est une région réputée pour ses paysages et qu’elle est également connue pour être habitée par des gens qui sont soucieux de l’environnement.

Edelman mentionne en outre que plusieurs scientifiques, notamment de l’Université Laval, possèdent une résidence secondaire dans le secteur et que plusieurs jeunes environnentalistes résident au Kamouraska, un auditoire propice à engager plus de discussions au sujet de ce projet.

(NDLR: Il s’agit d’une traduction. Les documents originaux sont disponibles en anglais sur le site Internet : www.greenpeace.org

Collaboration spéciale, www.infodimanche.com)