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Enseigner les sciences de façon ludique

SAINT-PAUL-DE-MONTMINY – Décidément, l’école secondaire de Saint-Paul se distingue. Il y a quelques semaines, la directrice offrait en cadeau à ses étudiants des programmes FMS et FPT, la visite de l’illustre chef Jean Soulard. Voilà maintenant qu’un prof de sciences et technologie – Yan Spence –, en rajoute en expérimentant la cuisine moléculaire avec ses étudiants. Une façon de leur faire comprendre, de façon ludique, plusieurs principes scientifiques.

Le plus étonnant, c’est que les chimistes culinaires en herbe dégustent leurs fabrications et qu’il s’agit bel et bien de cuisine. Il y a même quelques restos, d’ici et de par le monde, qui s’y consacrent.

D’ailleurs, le représentant du Placoteux a eu l’occasion de se faire servir au dessert… un œuf moléculaire gélatineux sur le plat, au blanc fait avec du yogourt à la vanille, dont le jaune avait été confectionné avec de la purée de mangue et de pêche. L’œuf en question avait toutes les allures de ceux qu’on nous sert au déjeuner, saupoudrés de paprika. Nenni pourtant. La garniture était en fait du chocolat râpé. L’illusion parfaite.

C’est que M. Spence lui avait bien promis un dessert, mais là, le journaliste a été confondu, sous l’œil amusé des jeunes qui le regardaient, se trouvant, ce jour-là, autour du comptoir du secrétariat, lieu improvisé d’agape, offrant des petits gâteaux à leurs collègues, dont c’était l’anniversaire durant le mois. Une autre belle activité de cette école.

Chimie culinaire

« On en fait toujours de la chimie lorsqu’on cuisine, de dire Yan Spence, mais on se questionne rarement sur le pourquoi de nos gestes. Alors, dans mes cours, j’ai commencé à parler de cette chimie-là. Par exemple, pourquoi on utilise de l’eau salée quand on veut faire cuire des pâtes, ou pourquoi on ajoute un peu de sucre dans une sauce à spaghetti? Pourquoi on utilise certains types de métaux pour faire des chaudrons? », autant d’applications insoupçonnées, parfois  simples, qui relèvent de la science.

C’est, entre autres sur cela, que M. Spence table pour attirer l’attention des jeunes et leur faire aimer la science. Il leur montre des fonctions concrètes, « des éléments de la vie courante », dit-il, rejoignant la chimie, la science et la technologie.

Bien sûr il n’y a pas que cela dans ses cours de science, il y a aussi la théorie. Mais cela permet aux étudiants d’utiliser des notions enseignées durant les cours. Qui plus est, ils peuvent parfois manger ce qu’ils font. Les chouchous étant les desserts.

Enseignant depuis neuf ans, Yan Spence, comme d’autres professeurs, a occupé plusieurs postes dans des écoles de la région de Montmagny et de Bellechasse. Biochimiste de formation, il a travaillé à Agriculture Canada. « Entre quatre murs avec un sarrau blanc, je m’ennuyais. J’avais besoin de communiquer », de dire celui qui est maintenant professeur l’école secondaire de Saint-Paul depuis quatre ans. Il a d’ailleurs occupé son premier emploi à l’école secondaire Louis-Jacques Casault.

Sur l’heure du midi, il donne aussi des ateliers de cuisine moléculaire dans le cadre des activités des Grands et petits débrouillards. « On travaille la patience et la dextérité », mentionne-t-il.

Il fait également construire à ses jeunes toutes sortes de machines et de mécanismes : des avions, des catapultes à virus, des fusées, et bien d’autres. Il parle aussi de conquête spatiale, de minéralogie et autres.

Les projets se font aussi en collaboration avec les collègues, ce qui permet des applications dans d’autres matières : en arts plastiques, en anglais, en géographie, en éducation physique, pour donner quelques exemples.

D’ailleurs, un projet se prépare en collaboration avec le Cégep de La Pocatière (technologie physique), quelque chose comme une coccinelle électronique ricochante. Et, en mai, le lancement de fusées, construites par les élèves, devant public.

Pétillant et savoureux

Il cuisine aussi pour lui, ses amis, sa famille. Chocolat pétillant en effervescence, spécification de bulles de Mojito, vinaigrette émulsifiée (mousse) au Xérès, à l’ail et à la moutarde de Dijon, spaghetti de chocolat blanc en gélification… La liste pourrait s’allonger. Pour préparer ses chefs-d’œuvre, M. Spence nous a dit qu’il faut chercher dans des endroits spécialisés, des ensembles du cuisinier moléculaire en herbe. Internet sera d’une grande aide pour cela.

Belle équipe

Mais pour en revenir à l’école de Saint-Paul : « Ici, la directrice semble vraiment être derrière vous », de dire le journaliste. Et le professeur de répondre, avec un rire franc : « Oui! C’est agréable quand on a des projets un peu fous et que la direction, l’équipe-école, les élèves embarquent. Oui, je suis vraiment choyé. »


Yan Spence montre ici le boîtier d’un ensemble de cuisine moléculaire et l’un des « outils » qu’il utilise.

En plus de ça, M. Spence organise avec ses étudiants des voyages de découvertes à l’étranger. Voilà qui reflète bien l’ambiance de cette petite école secondaire de quelque 160 élèves.