Les Caisses populaires ont compris que les petits villages ne sont plus le cadre géographique où les citoyens effectuent leurs affaires et vont chercher les services de proximité. Les Caisses sont donc en voie de réorganiser leurs services en fonction des territoires réels où les gens évoluent, en regroupant plusieurs villages apparentés pour les services généraux, tout en maintenant au besoin des guichets ou comptoirs dans les villages. Et cela, en respectant assez bien la volonté des caisses locales.
D’ici quelque temps, Saint-Pascal desservira Saint-André, Saint-Germain, Saint-Denis, Saint-Philippe, Saint-Bruno et Mont-Carmel (le centre du Kamouraska); Saint-Alexandre desservira Sainte-Hélène, Saint-Joseph et Saint-Athanase (l’est du Kamouraska); dans l’ouest, Saint-Pacôme desservira Rivière-Ouelle et Saint-Gabriel; La Pocatière desservira Saint-Onésime, Saint-Roch-des-Aulnaies et Sainte-Louise. Kamouraska a choisi de rester seule.
Ce faisant, les Caisses sont en train, dans les faits, de redessiner la carte du Kamouraska, en fonction, cela va de soi, de leurs besoins propres. Qu’attendent nos élus municipaux pour reprendre l’initiative d’une restructuration municipale qui est désormais incontournable? Le village reste un milieu de vie et de résidence, mais il n’est plus le lieu d’activité et de dispensation des services de proximité. Tout le monde réalise qu’une municipalité de moins de 1000 habitants, et même de moins de 2000 habitants, avec des taxes forcément réduites même si elles ne cessent d’augmenter, n’est plus aujourd’hui en mesure de fournir seule les services de proximité qui relèvent de sa juridiction.
Mais personne ne bouge, car on s’imagine que perdre son conseil municipal équivaut à fermer son village. Rien de plus faux et de plus trompeur. On peut fort bien élargir l’espace de gestion et de dispensation des services municipaux (incendie, urbanisme, déchets, aqueduc, égouts, routes, équipements récréatifs et culturels, sécurité publique, taxation, représentation), tout en maintenant un conseil de village pour les activités communautaires, les loisirs et l’aménagement du milieu de vie immédiat. Cela se fait depuis longtemps déjà en Haute-Gaspésie et dans plusieurs Villes-MRC.
À s’accrocher comme ils le font présentement, les petits conseils municipaux se condamnent à la paralysie et à l’asphyxie, pendant que les municipalités dominantes ou la MRC occupent en pratique leurs juridictions, en attendant de les avaler. Une véritable réorganisation des territoires municipaux dans la MRC du Kamouraska, avec le souci de garantir à toutes les communautés une représentation et une participation démocratique, serait infiniment plus stimulante et efficace.
L’élection à la préfecture et aux différents conseils municipaux cet automne ne devrait-elle pas être l’occasion pour les candidats de proposer un véritable chantier collectif à ce sujet plutôt que d’attendre que les petits conseils municipaux meurent d’eux-mêmes faute de candidats, ou que le Gouvernement impose d’en haut une solution mur à mur. Les candidats à la préfecture et aux différentes mairies ne devraient-ils pas en faire une priorité, car la situation actuelle paralyse notre vie collective et démocratique?
Roméo Bouchard
Saint-Germain