Je chasse l’ours depuis plusieurs années et jamais un ours ne m’a autant impressionné et intimidé que celui que j’ai affectueusement baptisé Balourd il y a quelques années! En 2016 lors d’une de mes séances de chasse, il est arrivé à quelques mètres de mon site et il s’est mis à souffler d’une façon qui me dressait le poil sur les bras. J’ai déjà vu bien des vidéos d’ours montant dans le mirador d’un chasseur plus par curiosité qu’autre chose. Ce soir-là, ça ne ressemblait en rien à cela. Il savait que nous étions là moi et mon compagnon de chasse et il tentait de nous intimider. Ainsi, au lieu de se diriger vers les barils, il a décidé de monter dans le même sentier que nous empruntions pour nous rendre à notre cache. Il s’est arrêté pendant de longues minutes à moins de 2 mètres de la cache en sentant et soufflant violement. Nous étions comme des statues dans la cache et nous retenions quasi notre respiration pour ne pas éveiller ses soupçons. Ce manège a duré une bonne quinzaine de minutes jusqu’à ce qu’il décide que ce n’était pas assez et que je l’entende se diriger à la course vers la porte de la cache. Nous étions rendus la proie et lui jouait parfaitement son rôle de prédateur. Lorsque je me suis rendu compte qu’il embarquait sur la plate-forme menant à la porte de la cache, je n’ai pas attendu la suite des événements et j’ai tiré au travers la porte. J’aurais pu attendre qu’il tente de défoncer la porte comme seul un ours de cette taille gigantesque est capable de le faire mais j’ai préféré agir avant de connaître ses intentions. En ouvrant nerveusement la porte, j’espérais voir le mastodonte inerte mais il avait déguerpi. La balle ne l’avait pas atteint et lorsque nous sommes descendus de la cache et sommes arrivés près du sentier à côté des barils, je me suis rendu compte qu’il était rendu de l’autre côté d’un petit chemin forestier situé à quelques mètres des appâts. Son manège visant à nous intimider était loin d’être terminé. Ainsi, à trois reprises il a foncé vers nous à la course vers nous en fracassant tout sur son passage. J’étais à genoux dans le chemin et je tentais de le voir pour faire feu mais la végétation était tellement dense que je ne voyais que des arbres bouger sans pouvoir l’avoir en joue. Ce n’était plus drôle du tout et avec encore seulement quelques minutes de clarté, nous avons quitté les lieux. Avec un ours enragé format géant comme Balourd, je n’avais qu’une chose en tête, atteindre mon VTT pour quitter rapidement les lieux et reprendre mes esprits.
Le lendemain, nous étions encore au poste et vers 20h20, il s’est finalement manifesté. Balourd était caché dans la végétation dense de l’autre côté du chemin face à nous à pas plus de 40 mètres. Je l’entendais avancer et lorsqu’il arrivait pour sortir à découvert, il se mettait à souffler comme un malade puis déguerpissait en courant dans le bois en fracassant tout sur son passage. Il a fait ce manège au moins à 5 reprises. S’il voulait m’impressionner, ça fonctionnait. J’ai déjà vu et entendu des ours de 200 livres faire un cirque du genre mais un aussi gros ours… ouf! Il restait à peine 10 minutes de clarté lorsque je l’ai entrevu au travers les broussailles. Mon cœur battait à 100 milles à l’heure, j’étais impressionné, nerveux et je savais que c’était ma dernière chance de récolter Balourd cette année et là… j’ai commis une erreur de débutant. J’ai précipité ma décision de tir. Dès que j’ai vu sa tête et une bonne partie de son corps j’ai fait feu et j’ai su immédiatement que je venais de le manquer. Un tir de routine normalement mais vu les circonstances, j’ai tiré tout au plus un pouce par dessus sa tête qu’il a penchée en même temps que je m’apprêtais à faire feu! Le fait qu’il ait baissé la tête lui a probablement sauvé la vie. Merci Balourd pour ces hausses d’adrénaline incroyable que tu nous as fait vivre! J’espère que nos chemins se croiseront à nouveau un jour!