L’île a été une station de quarantaine humaine de 1832 à 1937. Les autorités gouvernementales de l’époque établirent ce lieu dans un contexte d’épidémies de choléra apportées à Québec par des immigrants. Les années 1834 et 1847 furent particulièrement dramatiques. Mais 1847 fut, de loin, la plus tragique.
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Plus de 90 000 immigrants européens, en grande partie des Irlandais fuyant la famine, se dirigèrent vers Québec. De ce nombre, 8 691 sont hospitalisés à l’île et plus de 5 400, majoritairement des Irlandais, y meurent du typhus. C’est pour cela que ce parc national honore aujourd’hui, en particulier, la mémoire des Irlandais.
D’ailleurs, en 1909, l’Ancient Order of Hibernians, inaugure la grande croix celtique, bien en vue, au sommet d’un promontoire. Ce monument deviendra un symbole fort de l’île de la quarantaine, rappelant également le destin tragique des Irlandais.
En 1937, année de la fermeture de la quarantaine, les journaux rapportent que l’on songe à y installer une colonie pénitentiaire pour les jeunes délinquants. Toutefois, dans le contexte de la Deuxième Guerre mondiale qui devenait imminente, en 1938, le ministère de la Défense en fait un poste stratégique militaire ultra secret où l’on travaillera, entre autres, sur le bacille de l’anthrax, en vue d’une éventuelle guerre bactériologique.
De cette époque, l’on ne sait toujours pas grand chose. Ces recherches ont longtemps été gardées secrètes et beaucoup de documents d’archives ont été détruits ou censurés. Un film Le projet N, du nom de code de cette opération militaire faite par les armées canadienne et américaine, a été produit et diffusé aux Grands Reportages, à RDI, le 1er juin 2010.
À la fin de la période militaire, en 1957, l’île devient un lieu de quarantaine animale jusqu’en 1988. En 1974, la Commission des monuments et lieux historiques du Canada avait toutefois reconnu l’importance historique de Grosse-Île. Cependant, rien de concret n’est fait à cette époque pour la réalisation d’un parc national.
En 1984, à la suite de demandes soutenues d’intervenants du milieu, le gouvernement fédéral annonce qu’il a l’intention d’y faire un parc historique national et, en 1988, le ministère de l’Agriculture cède la gestion à Environnement Canada (Parcs). Le processus pour la création du lieu historique national débute. Des dizaines de millions de dollars seront investis au cours des ans.
En 1996 le lieu historique devient « La Grosse-Île-et-leMémorial-des-Irlandais ». Deux ans plus tard, la ministre canadienne du Patrimoine inaugure un saisissant mémorial. Sur des panneaux de verre sont inscrits les noms des Irlandais enterrés tout près.