RIVIÈRE-OUELLE – À l’aube de ses 54 ans, le nageur de longue distance en eaux vives, Pierre Létourneau, s’est lancé un défi de plus en nageant les 170 km séparant Lévis de Rivière-du-Loup sur le fleuve Saint-Laurent. Une quête d’espoir et de persévérance pour tous ceux qui vivent une détresse psychologique ou qui ont frappé un mur dans leur vie.
La souffrance, les échecs, les refus, Pierre Létourneau en a vécus au cours de ses défis passés. C’est en gardant le cap sur ses objectifs et en modifiant ses stratégies qu’il réalise ses exploits sportifs. En ce sens, le défi qu’il a entrepris le 15 juillet dernier n’est pas différent des autres.
Au cours de son périple sur le Saint-Laurent, une équipe de tournage accompagnait Pierre Létourneau. Un documentaire sera produit sur son aventure qu’il présentera lors de ses conférences. Une diffusion télévisuelle est aussi espérée.
Le public pourra voir l’ampleur du défi réalisé. Tout au long du parcours, M. Létourneau nageait en moyenne cinq heures par jour, sans arrêt, en parfaite autonomie. Nourri à l’heure à l’aide d’une perche et hydraté toutes les 15 minutes, en faisant du surplace dans l’eau, Pierre Létourneau ne laissait jamais personne le toucher et, lui, ne touchait jamais le bateau. Une règle des compétitions de nage longue distance qu’il respecte même lors d’un défi personnel.
Pierre Létourneau et sa conjointe Guylaine Pelletier avec qui il tient l’aventure à bout de bras
Photo: Tommy Lavoie
Prévention du suicide
Des obstacles inévitables se devaient d’être franchis. Après deux étapes de nage, les plans avaient changé. Les éléments et la météo ne collaboraient pas. Les puissants vents du large ont eu raison du parcours entre L’Islet et Rivière-Ouelle qui a été annulé. Peu importe, le nageur demeure philosophe. Le message de Vie qu’il porte sur la prévention du suicide est plus important que l’exploit.
« Ce n’est pas une piscine, ça brasse tout le temps », explique l’athlète qui nage en plein centre du fleuve; là où le courant est le plus fort. « Je veux que les gens voient l’effort déployé pour leur donner du courage », poursuit-il.
Comme pour les gens en détresse psychologie, un mur s’est dressé face à lui à L’Islet. « Devant une épreuve immense, on peut y arriver. Étape par étape. En étant patient », dit-il. « On voudrait toujours guérir vite d’un problème. C’est la même chose pour moi dans le fleuve après quatre heures de nage. Je voudrais donc arriver. Que ça finisse », émet-il, mais il continue. Il s’acharne. Il se sent en vie.
Le nageur accepte la souffrance physique imposée par ses défis. Il doit en être de même pour la douleur psychologique. « Ces moments sont là pour nous permettre de nous dépasser. Quand on est persévérant, on arrive à s’en sortir. »
Photo: Tommy Lavoie
Rien à prouver
M. Létourneau dit ne vouloir rien prouver physiquement par l’accomplissement du défi. Après 24 ans de natation et 15 ans de longue distance, il est reconnu par ses pairs. Et même si le nageur a fait 140 km au lieu des 170 prévus au départ, le message restera. « À 54 ans, ma quête est différente. Je n’ai pas d’exploit physique à faire, même s’il manque un petit bout au défi, ce n’est pas grave. »
Rappelons qu’en 2005, Pierre Létourneau a fait le tour de l’île d’Orléans à la nage en 15 h 15. En 2006, il a été le premier homme a nagé les 250 km séparant Montréal de Québec en sept jours.
Plus de détails sur le parcours de vie du nageur au www.pierreletourneau.ca ou via sa page Facebook « Je nage pour LA VIE ».