La critique de Bianca Cyr parmi les meilleures

SAINT-PASCAL – La critique littéraire, écrite par Bianca Cyr, une ancienne élève de l’École secondaire Chanoine-Beaudet de Saint-Pascal, a été sélectionnée à la suite de sa participation au Prix littéraire des collégiens.

Ce prix couronne une œuvre de fiction dans le cadre du Salon international de Québec. Le roman de Marc Séguin, « La foi du braconnier », publié aux éditions Leméac, a remporté les honneurs à la suite du vote de près de 800 collégiens et des délibérations de 46 de leurs représentants.

Les élèves étaient invités à soumettre leurs critiques des cinq livres finalistes. Un jury déterminait les meilleures critiques. Étudiante au Cégep de Lévis-Lauzon, Bianca Cyr a écrit une critique du roman primé.

On peut lire la critique de Bianca Cyr ci-dessous.


Marc Séguin
La soif de l’homme

Bianca Cyr – Cégep de Lévis-Lauzon

À des kilomètres de l’habituel road trip, La foi du braconnier, premier roman du peintre Marc Séguin, est un périple en pleine jungle humaine. Attention! L’oeuvre déborde de sang et de sexe. Ouverture sur un «FUCK YOU» rageusement gribouillé sur une carte routière. Ces lettres, Marc S. Morris, à demi mohawk, les parcourra impétueusement.

Et pourtant… Au lendemain d’un suicide raté, le protagoniste retrace la dernière décennie de sa vie torrentueuse. Révulsé par ce continent nord-américain qui n’en finit plus de le décevoir, Morris confie au lecteur des réflexions sagaces sur le monde qui l’entoure: «Depuis que les excuses sont devenues des raisons, l’humanité avance comme un homme saoul qui explique ses erreurs par l’ivresse.» L’auteur débite sans pudeur ces propos francs dans une écriture taillée au couteau. Au menu: poésie et obscénités dans un style tartare à l’effet boeuf.

Le problème pour Marc S. Morris, c’est le côté incontrôlable de l’existence: la mort, l’instinct, les pulsions. Des angoisses universelles, et pourtant toujours aussi tenaces. Il tâche d’évacuer cette incoercible animalité qui le ronge à coups d’accélérateur. À coup de fusil. À coup de bassin. Pour chasser ses peurs, il se jette à corps perdu dans tout ce qui lui tombe sous la main. Errance entre des histoires d’amour embryonnaires, des cours de gastronomie, une entrée au séminaire et des périodes de chasse hors saison. Il tue et cuisine les bêtes comme il apprivoise les femmes, sans vergogne, habité d’une intense passion. Puis, il rencontre Emma. Et à ce moment vient la décision de cesser de fuir ses peurs.

La foi du braconnier s’enfonce dans l’âme comme un pieu dans le ventre. L’oeuvre de Séguin révèle l’animal en l’homme et l’homme déchiré: être pleinement soi-même ou se fondre dans la masse? Elle donne soif d’une existence palpitante. L’humain est avide de vie, mais il ne sait pas comment boire. Un geyser pour tous les assoiffés.

Marc Séguin couche sur papier des images sauvages et peint les mots avec une sensibilité déroutante. Une plume de fauve.

La Foi du braconnier
Marc Séguin
Leméac
Montréal, 2009, 152 pages