La réputation de l’industrie forestière a été écorchée dans les dernières années. L’erreur boréale, ça vous dit quelque chose? Pourtant, la récolte des arbres, en plus d’être indispensable à la santé de la forêt, représente une activité économique durable et saine, pour autant qu’elle soit faite dans les règles de l’art.
C’est pour démontrer le changement dans ses pratiques que le Conseil de l’industrie forestière du Québec lançait en mars dernier la campagne Passez au carbone propre. Le groupe Lebel, bien implanté au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, s’est associé tout naturellement à cette campagne qui rejoint les orientations adoptées de longue date par l’entreprise.
Isabelle Mailloux, contrôleur chez groupe Lebel, explique le concept de carbone propre : « C’est simple, c’est zéro gaspillage. L’arbre coupé est utilisé à 100 %. » Les copeaux sont vendus à des papetières et l’écorce est utilisée comme source d’énergie, comme à l’usine de Saint-Joseph qui dispose d’une chaudière chauffée à la biomasse. Même les parties moins intéressantes des produits de sciage sont valorisées. On les transforme pour en faire des clôtures ou des abris qui autrement seraient fabriqués en résine ou en plastique, des matériaux beaucoup plus dommageables pour l’environnement.
Désormais, la prospérité passe par la diversification. Il est bien fini le temps où on exportait des billots pour réimporter les produits transformés dans des pays lointains. Aujourd’hui, on transforme sur place et on crée de nouveaux produits. À l’usine de Cacouna du groupe Lebel, on produit du bois torréfié pour en faire un revêtement extérieur durable et écologique. Torréfié? Isabelle Mailloux explique : « On chauffe les planches à très haute température, tout juste avant le point de combustion, ce qui détruit les microorganismes qui causent la pourriture. On obtient un produit aussi stable que le bois traité courant, mais beaucoup plus écologique. Le bois torréfié a une belle couleur caramel et on peut le teindre ou non, selon l’effet désiré. »
Les Abris-Kit sont un autre exemple de transformation qui assure une bonne valeur ajoutée au bois cueilli dans nos forêts.
Un métier d’avenir
De telles innovations contribuent à juste titre à redonner du lustre à l’image bien malmenée de l’industrie forestière. Mme Mailloux croit qu’elles pourraient aussi redonner envie aux jeunes de se lancer dans une carrière en foresterie. « Avec les départs à la retraite et les innovations technologiques, nous aurons à combler de nombreux emplois à court et à moyen terme, dit-elle. Le Québec est un pays de forêts, c’est un milieu stimulant qui regorge de défis à relever. »
Pour l’instant, la réponse est timide et on ne se bouscule pas aux portes des écoles de foresterie comme celle de Dégelis, qui présentent pourtant un taux de placement avoisinant les 75 % selon les secteurs.
En présentant la foresterie comme une industrie propre, bien gérée et dynamique, on espère convaincre les jeunes de choisir un métier bien différent de celui des « bûcheux » d’antan. Un métier d’avenir dans une forêt vivante et prospère.