BEYROUTH/LA POCATIÈRE – Au mois d’octobre, Mathieu Lippé, originaire de La Pocatière, remportait une médaille d’or aux jeux de la francophonie dans la catégorie Contes et conteurs. Les jeux se sont tenus à Beyrouth au Liban. Le conteur a profité du moment pour s’imprégner du style et de la façon de conter des participants venus du monde francophone.
Après une présélection avec l’envoi de sa mise en candidature au Conseil des Arts et des Lettres du Québec, Mathieu Lippé, a été choisi pour être de la délégation Canada-Québec.
Tous les matins, les conteurs en compétition se réunissaient pour des ateliers sur les pratiques du conte. Les après-midi étaient consacrés aux prestations.
Aux côtés du Québécois se sont joints des conteurs du Sénégal, de la Roumanie, du Gabon, de la France, du Burkina Faso et de la Bulgarie, pour ne nommer que ceux-là.
La différence marquée avec les Africains dans le style et la façon de conter a séduit le médaillé, mais ne l’a pas empêché de conserver sa forme à lui. « Je suis un conteur hybride. À l’essentiel du conte et électrique dans ma livraison », dit-il.
Lippé s’est démarqué en finale sur les règles de base et la narration du conte. « J’accorde une importance à la parole, aux mots et au langage. Je me laisse aller aux questionnements, aux mystères qui les entourent », mentionne celui qui se qualifie d’humaniste dans l’âme.
La complicité avec le public dans ses improvisations et les clins d’œil aux contes des autres participants dans sa prestation ont fait son originalité.
Mathieu Lippé lors de la remise des médailles. Photo: Patrick Lazic / OIF
Aborder le conte
Mathieu Lippé aborde le conte d’abord par l’écoute et tire sur la ficelle à mesure qu’il se met à vivre. Dans son art, il étire le temps, partage une mémoire, élabore une histoire. Il propulse sans artifices. « Pour moi, le conte c’est un gars, tout seul, sans décor, qui disparaît derrière ses mots », raconte Lippé.
Lors d’une compétition, il avoue ajouter quelques artifices, mais tient mordicus à rester ancré dans la forme pure du conte. Dans un spectacle, il rallie la chanson, le conte et le slam pour la rythmique inhabituelle qu’elle comporte. « Ça change l’écoute de place », lance l’artiste.
Originaire de La Pocatière, c’est à Sherbrooke que Mathieu Lippé a rayonné pendant 10 ans. Établi à Montréal, sa carrière se poursuit sur les trois fronts d’art qui l’habitent. Il ne cache pas sa nostalgie du fleuve et espère se produire devant les siens d’ici peu.