La Pocatière sous la barre des 4000 résidents, surpris?

Vue sur La Pocatière. Photo : Nicolas Gagnon.

C’est fou de constater que les gens finissent enfin par réaliser l’étendue des dommages de la baisse de la population de La Pocatière, comme si on ne voyait rien depuis longtemps. Même de tout petits efforts pour minimiser le problème n’ont pas été faits, au contraire, c’est comme si on n’en voulait simplement pas.

Du point de vue touristique

On dirait qu’on fait des efforts surhumains pour ne pas avoir de touristes… Quand on arrive de Saint-Roch-des-Aulnaies, les pistes cyclables disparaissent au garage Lemieux, aucun incitatif pour essayer d’accueillir les gens sur la 230, on indique la 132 pour l’accès à la route des navigateurs, l’information touristique, d’un centre technologique, mais rien pour la 230, pas de Cégep, pas de piscine, pas de parc, pas de jardins d’eau, même pas de musée et j’en passe. En fait, rien, aucun commerce ne s’affiche…

Pour les cyclistes, c’est encore pire avec la bretelle de la 132 vers la 230 Ouest, l’incitatif que l’on remarque c’est « Entrée interdite »… L’information touristique à la sortie de la 20, sur le bord du fleuve, pensez-vous sérieusement que ça va inciter les touristes à venir à La Pocatière? Au mieux des mieux, les gens feront un bout sur la 132.

Qui a levé la main pour prendre le relais du symposium de peinture du Kamouraska, quand Saint-Germain peine à trouver de nouveaux bénévoles? Au départ, était-ce une initiative de la Ville, la fête de l’Halloween? Qui voit le potentiel touristique sur la 2e et 3e avenue? Pour l’accès à La Pocatière provenant de l’Est, je ne peux pas en parler, ça n’existe pas.

Du point de vue industriel et commercial

On dirait que La Pocatière est sur l’application Tinder et qu’elle a « swappé » toutes les entreprises qui étaient intéressées à s’établir sur son territoire! Et là, La Pocatière réalise qu’elle est de plus en plus seule, vieille, inintéressante et peinera à garder ses atouts comme un hôpital, l’ITAQ et plusieurs autres.

Le centre d’achat augmente les loyers sans cesse quand l’achalandage baisse de plus en plus. Étonné qu’il soit vide? Ça fait combien de décennies qu’on parle de refaire la 4e avenue? On n’investit pas parce qu’elle est à refaire, mais on ne la refait pas parce qu’il y a un investissement à faire.

Le nombre d’entreprises qu’on a laissé passer et le nombre qu’on a empêché de s’établir à La Pocatière : ne soyez pas surpris! A-t-on au moins laissé une chance à ceux qui avaient subi un incendie de se refaire?

Du point de vue résidentiel

On a tout laissé au privé, ils ont acheté les terrains puis la spéculation a fait le reste. Les nouvelles règles d’urbanisme de La Pocatière aident-elles des projets en hauteur pour le résidentiel?

On semble baisser les bras en se disant qu’on ne peut pas rivaliser contre les fermettes des villages autour. Êtes-vous sûr que les jeunes veulent une fermette dans le fond d’un rang?

Alstom et plusieurs autres entreprises cherchent sans cesse de nouveaux ingénieurs et une main-d’œuvre spécialisée. Dans le résidentiel, on n’a pas grand-chose à offrir, et encore moins à une clientèle qui a de bon salaire…

Quelles sont les pistes de solutions?

Je crois que la plus grande force de La Pocatière, c’est qu’au fond, elle a tout pour plaire, elle a un magnifique cinéma, une immense librairie, de beaux parcs, un Centre Bombardier, un anneau autour d’un beau terrain de baseball, et j’en passe tellement. Ce ne sont pas les infrastructures qui manquent, c’est le développement urbain pour ficeler tout ça qu’on doit inventer.

Les jeunes veulent un quartier qui laisse place au piéton, où ils pourront avoir accès à des vélos, un centre commun » auto, un café, un fablab, une ouverture aux start-ups, un marché de produits locaux, mieux si ce marché fait des paniers qui incluent les ingrédients et une recette… En fait, ils veulent intégrer leur milieu de vie avec leur milieu de travail. La COVID-19 accentuera ce désir et si on réussit à intégrer le tout sous forme de campus, on peut aspirer à devenir une belle ville.

Il faut hélas faire vite, la COVID-19 impliquera un tournant drastique vers on ne sait quoi. Moi je suis d’ici, pourtant je suis né au Kamouraska, j’ai transité par le KRT, le KRTB et plusieurs autres appellations sans avoir vraiment déménagé. Maintenant, je vis sur la Côte-du-Sud. Vais-je mourir dans la région du Bas-Saint-Laurent?

Marcel Rousseau, Sainte-Anne-de-la-Pocatière