La tourte voyageuse est disparue il y a une centaine d’années. La dernière est décédée au zoo de Cincinnati en 1914. Sous le Régime français, on ne pouvait imaginer que cet oiseau disparaitra un jour, puisqu’on raconte que les tourtes assombrissaient le ciel tellement elles étaient abondantes.
La tourte voyageuse (Ectopistes migratorius) a longtemps été associée au mot « tourtière ». On a raconté que ce plat était un pâté de tourtes. Il est fort probable que l’on ait apprêté des pâtés à la viande à base de tourtes au XIXe siècle, mais le mot tourtière réfère davantage au mot latin torta signifiant pâte.
Décrite pour la première fois par Jacques Cartier, la tourte voyageuse a longtemps représenté une source de subsistance pour les habitants. On l’a chassé au fusil et au filet. Elle s’établissait en colonies et souvent sur une dizaine de kilomètres sur la Côte-du-Sud. En raison de son abondance, elle constituait un fléau et on priait même pour qu’elle disparaisse. Les prières ne furent pas nécessaires, puisque dans les années 1800, la tourte devenait un produit commercial. On pouvait charger des bateaux de tourtes que l’on vendait sur les quais de New York, raconte l’ornithologue John-James Audubon.
Au début des années 1870, la tourte voyageuse se fait de plus en plus rare, constatent les naturalistes de l’époque. La disparition de son habitat naturel et une épizootie de peste aviaire pourraient expliquer le sort de cet oiseau. Conscient de sa rareté, l’ornithologue de Saint-Denis-Kamouraska, Charles-Eusèbe Dionne, acquiert en 1906 une vingtaine de spécimens naturalisés à Charlesbourg. Aujourd’hui, au Canada, on compte sur les doigts de la main les spécimens naturalisés de la tourte voyageuse. L’un de ces spécimens est conservé au Musée François-Pilote à La Pocatière. Il a fort probablement été acquis par Charles-Eusèbe Dionne au début du siècle.