LA POCATIÈRE – Celui qui durant de nombreuses années a incarné la voix de l’émission Soirée canadienne sur les ondes de CHGB, n’est plus. L’animateur de radio Maurice Lévesque est mort. Il avait 79 ans.
Né à Saint-Gabriel, le 29 juin 1936, Maurice Lévesque a commencé à travailler à la station de radio CHGB de La Pocatière vers 1958. Avant, il avait brièvement travaillé à Montmagny, à CKBM, en compagnie de Mme Aline Desjardins, se souvient l’actuel directeur général de CHOX-FM (Station qui a succédé à CHGB), M. Gilles Gosselin. « Maurice est venu à La Pocatière dès qu’il y a eu une ouverture », dit-il. Thomas Desjardins était à ce moment propriétaire et directeur de la station située au 912, 4e Avenue, La Pocatière. Elle déménage au-dessus de l’édifice Lebel en 1962.
Sa vie
Jusqu’à son départ pour Québec au milieu des années 1990, tous ceux qui ont côtoyé Maurice Lévesque s’unissent pour dire que la radio, c’était sa vie. Il y passait de nombreuses heures, bien plus que celles pour lesquelles il était payé, raconte Gilles Gosselin. Parmi les émissions qui ont marqué sa carrière, notons : Autour du sapin, en compagnie de Roger Plante, et Soirée canadienne. Monsieur Gosselin note que le nom de cette émission a été inspiré des recueils de littératures Les soirées canadiennes dont Joseph-Charles Taché, médecin, homme politique, journaliste, fonctionnaire et écrivain, né le 24 décembre 1820 dans la paroisse Saint-Louis, à Kamouraska, fut l’un des artisans les plus actifs lors de la fondation, cent ans plus tôt, en 1861. Les recueils et les émissions ont eu le même but de mettre en valeur le patrimoine folklorique canadien.
Maurice Lévesque a, se souvient également Gilles Gosselin, amené des musiciens à se produire en studio. C’est lui, aussi, qui assurait la mise en ondes de la messe en provenance de la cathédrale, le dimanche matin. Sa nièce, Nathalie Lévesque, raconte d’ailleurs que son oncle Maurice était un homme très croyant qui priait beaucoup.
L’homme de confiance
Compagnon de travail de Maurice Lévesque, l’ex-journaliste Jacques Dufour parle de lui comme d’un homme aimable, toujours prêt à aider, constamment de bonne humeur et doté d’un grand sens de l’humour. « Il m’avait donné un coup de main pour entrer à la station. Il avait parlé en ma faveur », se souvient M. Dufour. Maurice Lévesque avait su également séduire le cœur de son public. Nathalie Lévesque se rappelle des cadeaux que des auditrices apportaient à son oncle.
Réservé, Maurice Lévesque sortait peu. Il n’était pas impliqué dans le milieu. Sa vie tournait essentiellement autour de son travail à la radio. Néanmoins, souligne Gilles Gosselin, il adorait s’entourer de gens qui avaient une belle culture, de gens qui élargissaient ses horizons. Et ce, sans faire preuve de snobisme. Il avait de bons amis au sein du clergé, par exemple. Nonobstant son côté sédentaire, Maurice Lévesque aimait voyager et s’est rendu plusieurs fois en Martinique, ajoute Nathalie Lévesque.
Elle mentionne que son oncle avait une belle écriture, sans fautes. Il avait aussi fière allure, toujours vêtu d’un complet et d’une chemise bien pressée.
Les jours de tempêtes
Au chapitre des anecdotes qui ont marqué la vie professionnelle de Maurice Lévesque, Gilles Gosselin raconte qu’il aimait beaucoup être en ondes les jours de tempêtes, afin de bien informer les gens. « Il se sentait utile », dit-il. Plusieurs ignorent sûrement que Maurice Lévesque a même produit et réalisé des disques avec Roger Plante pour des artistes comme Roger Miron.
Au cours de sa carrière, Maurice Lévesque a vécu des moments difficiles, dont la perte dans un accident de la route de trois de ses confrères annonceurs (Bernard Giroux, Guy Ouellet et Richard Bédard) le 8 septembre 1962. De plus, il a été très affecté par l’incendie des locaux de la station le 17 mars 1989. Bien des souvenirs s’envolaient en fumée.
Au plan personnel, le décès de sa mère a été un dur coup pour lui. Les choses se sont mises à décliner à partir de ce moment, se souviennent Nathalie Lévesque et Jacques Dufour. Au plan professionnel, « il avait du mal à s’adapter aux nouvelles technologies et aux nouvelles façons de faire de la radio », ajoute M. Dufour. En 1995, il a quitté La Pocatière pour Québec.
Le soir par temps clair, marchant dans les rues de La Pocatière, si vous avez l’impression d’entendre au loin une voix familière, levez les yeux vers le ciel et si, à travers les étoiles, apparaît une lumière rouge, gardez le silence. C’est Maurice qui aura ouvert son micro.

