Pour des raisons écologiques, il serait presque impensable aujourd’hui d’assécher un marais pour le convertir en terre cultivable. Et pourtant au XIXe siècle, les idées ne manquent pas pour gagner des terres dans la région. Celles-ci sont presque toutes occupées au milieu des années 1800. La moindre parcelle de terre cultivable est précieuse. On cherche donc à dessaler le sol, à assécher les « savanes »* et à construire des digues et des aboiteaux.
Sur la Côte-du-Sud, le premier aboiteau est aménagé en 1860 à Sainte-Anne-de-la-Pocatière. On doit cette initiative au professeur du collège de Sainte-Anne, Daniel Schmouth (1842-1917). Utilisant une technique que l’on retrouve en Acadie, les agriculteurs construisent une digue sur 19 arpents de longueur sur 6 arpents de largeur pour empêcher les eaux salées du fleuve d’inonder les terres. Puis, ils dessalent le sol en procédant à des labourages successifs.
Durant les années 1930, les agriculteurs de Kamouraska procèdent également à la construction d’un aboiteau. L’expérience sera reprise dans les années 1970. Un projet d’aboiteaux entre Montmagny et Rivière-Ouelle se solde par un échec pour des raisons écologiques. Toutefois, il se concrétise dans la région de Kamouraska sur 27,6 kilomètres.
Par ailleurs, au début des années 1880, la Compagnie de colonisation de la Rivière-Ouelle projette d’acheter la ‘’savane’’ connue sous le nom de Grande plaine de la rivière Ouelle pour l’assécher, la drainer et la rendre disponible pour l’agriculture. Ce projet vise à extraire de la tourbe et à manufacturer des engrais agricoles. Mais il échoue. En 1928, d’autres promoteurs de Rivière-Ouelle aidés par le gouvernement du Québec et appuyés par le clergé local tentent d’attirer des agriculteurs sur les terres asséchées de la Grande plaine mais sans succès.