Un nouveau venu fait son entrée dans certaines écoles, cette année : le iPad. Déjà, l’appareil s’impose comme un outil pédagogique additionnel qui, sans remplacer complètement les méthodes d’enseignement traditionnelles, ouvre la porte à une ère nouvelle.
À l’école Monseigneur Boucher de Saint-Pascal, les élèves de sixième année expérimentent la populaire tablette graphique. Au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, ceux de 1re et de 2e secondaire possèdent leur iPad en vertu d’un programme de location-achat. Ils sont environ 130 à se promener avec leur tablette sous le bras.
Yvan Lévesque utilise le iPad avec ses élèves de 6e année de l’école Mgr Boucher
Photo: Maurice Gagnon
La première chose qui saute aux yeux en entrant dans la classe d’Yvan Lévesque à Mgr Boucher, c’est l’absence de livres et d’épais cartables sur les pupitres. Les élèves, attentifs aux explications de l’enseignant, suivent sur l’écran de leur iPad le document à l’étude ce jour-là. D’un coup de doigt sur la fenêtre tactile, ils soulignent une phrase, ajoutent des couleurs.
iPad et tableau
« C’est un merveilleux outil », affirme M. Lévesque qui utilise le iPad en lien avec le tableau blanc interactif. « La rétroaction est immédiate », dit-il. L’enseignant a récemment employé le dictaphone pour enregistrer une dictée, de même que la caméra intégrée pour évaluer un exposé oral.
La tablette donne un accès immédiat à Internet, ouvre la porte sur les journaux en ligne, permet aux élèves du secondaire de consulter leurs notes de cours, leur horaire ou leur agenda. Oups… Plus d’excuses pour avoir oublié de faire son devoir.
Guy Bilodeau et Norbert Roy, au fond, donnant leurs instructions à des élèves du Collège de Sainte-Anne
Photo: Maurice Gagnon
En parallèle
Autant à Mgr Boucher qu’au Collège de Sainte-Anne, l’objet est utilisé en parallèle avec le papier. « On veut que les élèves continuent d’écrire à la main », souligne Norbert Roy, professeur d’histoire au Collège. Néanmoins, dit-il, 50 % à 60 % du travail en classe, dont les exercices, se fait sur la tablette. » Les manuels scolaires sont encore en format imprimé, ajoute Guy Bilodeau, responsable de l’informatique.
Toutes les classes du Collège de Sainte-Anne sont munies de tableaux blancs interactifs. Un élève peut donc présenter son projet depuis sa tablette. Aussi, éventuellement, un enseignement pourra lui être fourni sous forme de capsules à visionner chez lui avant de venir en classe, note M. Roy.
Plus-value
Conseiller pédagogique à la Commission scolaire Kamouraska-Rivière-du-Loup, Steve Chenel insiste sur le fait que le iPad est utilisé uniquement « là où il représente une plus-value pédagogique. » Les cours se donnent aussi selon la méthode traditionnelle, avec crayon et papier. « Le iPad est un outil parmi l’ensemble des outils », dit-il.
Responsable des communications, Guy Lavoie croit néanmoins que c’est « le début d’une grande aventure. » Présentement, les tablettes sont utilisées de façon expérimentale. Une évaluation sera faite après quelques mois. On constate déjà quelques lenteurs avec le réseau.
Tant pour les élèves du primaire que pour ceux du secondaire, il est trop tôt pour voir si le iPad influencera ou non la réussite, ni si l’engouement saura résister au temps. Une chose est sûre : la motivation est plus grande. « Au point de vue de la stimulation, du goût d’être à l’école, ça aide », soutient Norbert Roy.
Graduellement
L’objet représente non seulement une évolution pour les élèves, mais aussi pour les enseignants, dont la plupart sont néophytes en la matière. « Il faut y aller graduellement, lance Guy Bilodeau, c’est comme quand l’ordinateur est entré à l’école. » Aujourd’hui, il fait partie du quotidien.
Steve Chenel et Guy Bilodeau ne voient pas le iPad comme un gadget électronique. Le but est vraiment de l’intégrer à la pédagogie. Même si au Collège, précise Norbert Roy, les élèves ont le droit de s’en servir à des fins personnelles, notamment pour leur musique et des jeux, ils ont signé un code d’éthique.
Au primaire, la situation est différente, puisque les tablettes demeurent à l’école et sont vidées de leur contenu après chaque utilisation. Selon les besoins, elles peuvent se retrouver entre les mains des élèves d’Yvan Lévesque ou de ceux d’Hélène Beaulieu. Les travaux sont conservés sur le portail.
En somme, si l’arrivée du iPad en classe promet de modifier la façon d’enseigner, elle ne la remplacera pas complètement, du moins à court terme. Il est présenté comme un outil de recherche et de création.
Il ne faudrait donc pas se surprendre de voir un étudiant, muni de sa tablette, déambuler entre les rayons de livres de la bibliothèque, alors qu’à l’autre bout d’un long corridor, son amie, debout devant son groupe, explique la théorie de la dérive des continents, pendant que sur le tableau blanc, l’Amérique du Sud se détache des côtes ouest-africaines.