SAINT-JOSEPH – Dans une longue lettre adressée au Premier ministre, intitulée « Non, M. Charest ! », le maire de la petite municipalité de Saint-Joseph-de-Kamouraska (424 citoyens), Sylvain Roy, explique à M. Charest pourquoi il ne se rendra pas à la formation sur l’éthique et la transparence proposée aux élus municipaux le 22 octobre prochain.
Dans la lettre distribuée aux médias le 12 octobre, M. Roy invite le Premier ministre lui-même à y participer, même si ce dernier n’y est pas obligé puisqu’il siège à l’Assemblée nationale. Parmi les raisons énoncées par le maire, l’entêtement de M. Charest à ne pas tenir une commission d’enquête sur la construction figure en tête de liste, tout comme le projet de Loi 109.
Loi 109
À travers sa lettre, M. Roy met en lumière l’article 6 de la Loi 109, qui devrait être adoptée en décembre, « qui m’empêcherait de poursuivre mon emploi de dirigeant auprès de Centraide pendant une année. Je gagne ma vie comme ça et jamais personne ne m’a interpellé à l’effet que je pouvais profiter de mes fonctions de maire dans mon travail », d’expliquer M. Roy.
Cette Loi (7e point de l’article 6) se lit comme suit : Dans les 12 mois qui suivent la fin de son mandat, l’élu ne pourra occuper un poste d’administrateur ou de dirigeant d’une personne morale, un emploi ou toute autre fonction de telle sorte que lui-même ou toute autre personne tire un avantage indu de ses fonctions antérieures ». Le maire dit ne pas pouvoir adhérer à ça.
Lorsqu’interviewé par Le Placoteux, le maire a mentionné que même si Jean Charest participait à la formation sur l’éthique, qu’il ne se rétracterait pas tant qu’une modification à la Loi ne serait pas proposée. « Je ne peux pas croire que les autres 1 050 autres maires sont d’accord avec celle-ci ».
Prérogative
M. Roy dit qu’il usera exceptionnellement de sa prérogative de maire pour reporter l’adoption du code d’éthique. Il croit pouvoir la repousser jusqu’en juin 2012. « Après ça on verra », dit-il.
Sylvain Roy est d’avis que sa lettre risque de faire le tour de la province. « Je ne l’ai même pas envoyée à M. Charest, seulement aux médias, puisque depuis deux ans ce sont les journalistes qui nous donnent l’heure juste ».
Jusqu’à maintenant M. Roy pense être le seul maire à s’être levé contre la Loi 109 et la formation sur l’éthique. « J’espère qu’il y en a d’autres qui vont suivre, parmi les 1 050 autres maires. Ça ne peut pas continuer comme ça ».
Par sa réaction, M. Roy réitère que sa principale attente est qu’il y ait une enquête publique sur la construction. « Je ne suis plus capable d’entendre et de voir ce qui se passe. Ça ne me donne vraiment plus envie d’être élu ».
« Ça me ferait de la peine de devoir quitter, mais je ne peux pas piler sur mon orgueil. », conclut-il.