SAINT-DENIS-DE LA BOUTEILLERIE – À la tête d’un groupe de marcheurs, le docteur Stanley Vollant s’est donné pour mission de convaincre les jeunes et surtout les jeunes autochtones qu’il est possible de réaliser leurs rêves. C’est un message d’espoir qu’il veut transmettre dans les communautés où il passe.
Jeudi, fin d’avant-midi, Stanley Volant marche seul sur la route qui mène de l’église jusqu’au chemin des chalets à Saint-Denis. Le soleil reluit sur son visage basané. Voyant le journaliste qui l’attend, il sourit et bifurque vers la halte. De ce promontoire, il jette un regard sur l’horizon. « Je viens de la Côte-Nord. J’avais l’habitude de voir votre région de l’autre côté du fleuve », dit-il. Le Dr Vollant habite maintenant à Montréal. Il connaît bien le Kamouraska, étant venu exercer son métier de chirurgien à l’hôpital Notre-Dame-de-Fatima à quelques reprises. Du 18 au 27 avril, entre Cacouna et Wendake, il marchera 241 kilomètres reliant le territoire de la nation malécite à celui de la nation huronne-wendate.
Installé à une table de pique-nique, Stanley Vollant raconte que l’idée de parcourir le Québec à pied lui est venue d’un rêve qu’il a fait comme pèlerin de Compostelle. « J’ai rêvé que je marchais à travers le Québec, que je rencontrais des jeunes. Il y avait aussi des gens âgés qui me réapprenaient ma langue », raconte-t-il. Aujourd’hui, M. Vollant associe davantage cette révélation à une vision. En fondant le projet Innu Meshkenu il y a six ans, au terme duquel il aura marché 6 000 kilomètres au sein des territoires innus, hurons-wendat, waban-aki, micmacs, attikamek, anishnabeg, cri, mohawk, naskapi et inuit, le premier chirurgien autochtone du Québec a senti l’urgence d’agir.
Situation dramatique
Le taux de suicide est de 4 à 6 fois plus élevé chez les autochtones et de 15 à 20 fois plus élevé chez les Inuits qu’au sein de la population canadienne, dit-il. On y retrouve trois fois plus de personnes diabétiques et de fumeurs, deux fois plus de gens qui souffrent d’obésité et un taux de décrochage scolaire au niveau secondaire de 50 à 75 %. « Ces jeunes sont une grande richesse. Ils ont besoin de notre appui et de moyens concrets pour réaliser leur plein potentiel », dit-il.
Au fil de la conversation, Stanley Vollant insiste sur l’importance d’avoir des rêves et de les réaliser malgré les embûches. Il souhaite aussi par son action créer un rapprochement entre nations autochtones et non autochtones, et ce, afin de favoriser une meilleure compréhension mutuelle entre les cultures. Il rêve aussi d’une société où le développement économique se fera de façon harmonieuse et durable, dans le respect des générations futures.
Le soleil se lève toujours
« Si je peux inspirer seulement quelques personnes à comprendre que le soleil se lève toujours, même après les longues nuits froides, ces millions de pas n’auront pas été vains », ajoute le Dr Vollant. Il en est lui-même un exemple vivant, ayant fait une tentative de suicide en 2007 à la suite d’une séparation et d’une dépression. Aujourd’hui, il est pleinement heureux, en couple, bientôt père d’un 4e enfant, et aide les jeunes à se réaliser.
« Si c’est possible, dans votre article, j’aimerais saluer les gens du centre hospitalier de La Pocatière », demande le chirurgien. Tout est possible. Voilà, c’est fait.
Stanley Vollant a repris la route, comme un pèlerin, muni de son bâton des mille rêves, une canne en bois que lui a léguée un aîné de son village, mort comme il allait avoir 100 ans. Ce bâton l’aide maintenant comme une sorte de talisman à réaliser les siens. Il invite les jeunes là où il passe à le toucher pour leur confier les leurs. L’homme s’est éloigné doucement dans la clarté du jour. Le soleil brillait. Comme il le fait toujours. Même après de longues nuits froides.