RIVIÈRE-OUELLE – Nul n’est prophète en son pays. Ce dicton résume bien le statut de l’anguille au Kamouraska. Pêchée en moins grande quantité depuis quelques années, en raison d’une diminution de la ressource, elle retrouve tranquillement le chemin de l’assiette, grâce à des pêcheurs passionnés qui ont décidé de la transformer.
Simon Beaulieu, sa conjointe Josée Malenfant et Rémi Hudon ont tous les trois lancé les Trésors du fleuve en 2010. Le but : commercialiser des produits à base d’anguille. « Avant ça, on vendait tout ce qu’on pêchait aux grossistes », de rappeler Simon Beaulieu, aussi président de l’Association des pêcheurs d’anguille du Québec.
L’intérêt que les touristes portaient à la pêche à l’anguille, lors de leur passage dans la région en saison estivale, est à l’origine de cet intérêt pour la transformation du produit. « L’été, on avait rien à proposer, parce qu’on pêche l’automne. C’est là que l’anguille quitte les eaux douces, descend le fleuve et s’arrête chez nous pour s’habituer à l’eau salée. Elle peut prendre jusqu’à trois semaines à s’adapter », de préciser Simon Beaulieu.
Les débuts
Les trois pêcheurs ont démarré leur entreprise peu de temps après avoir visité les installations du CDBQ, à La Pocatière. L’anguille fumée, un produit plus répandu, a été commercialisée dès le début, en même temps que les merrines. D’ailleurs, ces fameuses merrines, réalisées sous le même principe qu’une terrine et proposées en quatre variétés, ont rapidement fait la renommée de la jeune entreprise de Rivière-Ouelle. Suivront par la suite les saucisses d’anguille, elles aussi disponibles en quatre déclinaisons.
Depuis, les produits des Trésors du fleuve sont disponibles à plusieurs endroits, entre Saint-Jean-Port-Joli et Rimouski. Passionné de son produit, Simon Beaulieu ne tarit pas d’éloges quand vient le temps de vanter les mérites de son poisson. « L’anguille en migration possède de 20 à 25% plus de matières grasses dans son corps. C’est le top en vitamine D et une bonne source en Oméga 3 et Oméga 6 », partageait-il.
Éducation
Pêchée dans le fleuve par les Amérindiens, bien avant le début de la colonisation, l’anguille reste encore méconnue aux yeux des gens. Il existe pourtant une certaine curiosité face au poisson, mais dans plusieurs cas, sa ressemblance avec un serpent est suffisante pour créer une barrière psychologique à grand nombre de consommateurs. « Les personnes plus âgées ont souvent en mémoire leur grand-mère qui se débattait avec ça dans une marmite. C’est une image qui n’est pas facile à défaire », de confier Josée Malenfant.
Stimuler à l’idée de briser les mythes, Simon Beaulieu a profité des marchés estivaux pour faire un peu d’éducation. « J’ai décidé d’amener un aquarium et une anguille. Josée croyait que ça ferait peur aux gens, mais au contraire, ça été mes meilleurs marchés », de s’exclamer Simon Beaulieu, soulignant au passage avoir rencontré beaucoup de succès auprès des enfants, entre autres avec l’anguille fumée. « Faire de la transformation, c’est une belle façon de faire la promotion de l’anguille. Ton marché, tu le crées en en parlant », concluait-il.