Trois minutes, top chrono. C’est la durée maximale d’une performance de poésie orale, communément appelée « slam », dans un contexte de compétition. Le 25 avril, la ligue de slam de Rivière-du-Loup organisera sa prochaine soirée compétitive à La Baleine Endiablée. Bien que le slam sous forme de « micro ouvert » ait déjà fait apparition en Côte-du-Sud, cet événement serait le premier de nature compétitive à y avoir lieu.
Entre la ville de Québec et Rivière-du-Loup, il n’existe pas de « ligue » de slam à proprement parler. La ligue louperivoise, qui organise habituellement ses soirées au Café du Clocher sur la rue Lafontaine, se trouve à y accueillir des personnes issues du Témiscouata ou du Kamouraska. Pour Louis Lahaye Roy, slammeur aguerri et animateur de l’événement du 25 avril, organiser une soirée à Rivière-Ouelle est une question de « ramener chez nous ce qui nous fait plaisir ».
Talent dans la région
L’animateur se doute bien qu’il y a des slammeurs talentueux dans la région. Preuve à l’appui : dans les deux dernières années, ce sont des personnes du Kamouraska qui ont remporté la finale de Slam Rivière-du-Loup. Celles-ci ont ensuite gravi le podium de la finale provinciale. En 2022, il s’agissait de Julie Carmel et en 2021, de… Louis Lahaye Roy. Cependant, ce bassin serait mal connu; la distance géographique qui sépare ces artistes des ligues officielles pourrait en être partiellement responsable.
L’animateur aurait notamment remarqué le talent dans la région de Kamouraska-L’Islet lors de micros ouverts. « Ce sont un peu ces gens-là qu’on va essayer d’attirer, et on va voir si la réponse est bonne. » La Baleine Endiablée serait un « site naturel », dit-il, puisque des micros ouverts y sont déjà organisés depuis quelques mois. En plus, elle est située à proximité de L’Islet, ce qui la rend accessible à des gens qui ne peuvent pas nécessairement se rendre à Rivière-du-Loup pour une soirée.
Tâter le terrain
S’il y a autant d’artistes talentueux dans une région dépourvue d’une ligue de slam, on pourrait se demander pourquoi ne pas en lancer une. « L’enjeu, c’est le recrutement, explique Louis Lahaye Roy. Pour une ligue qui n’est pas très grande et qui est assez jeune, comme celle de Rivière-du-Loup, c’est un défi d’avoir huit slammeurs en compétition à chaque séance. »
Alors que les soirées de type « micro ouvert » sont relativement libres dans leur forme, le slam compétitif au Québec doit suivre une certaine structure. Pour qu’une ligue régionale puisse participer à la compétition provinciale, elle doit avoir été en mesure d’organiser au minimum quatre séances dites « régulières », chacune ayant huit participants. Les personnes dans les trois premières positions de chaque séance régulière s’affrontent en demi-finale, puis en finale régionale. De cet événement, les trois plus haut classés se rendent à la finale provinciale, dénommée le Grand Slam.
Louis Lahaye Roy croit qu’il y aurait de la place pour une autre ligue dans la région, « mais ça ne sera pas dans un futur proche ». La soirée à La Baleine Endiablée, qui sera d’ailleurs la quatrième séance « régulière » de la saison pour la ligue de Rivière-du-Loup, servirait à vérifier si l’engouement est au rendez-vous.
Dans tous les cas, « c’est une belle fierté pour nous, au Kamouraska, d’avoir pu attacher tous les morceaux pour que cet événement fonctionne », exprime le slammeur.