Le club de quad Les Avant-Gardistes 3 et 4 roues de La Pocatière est à la croisée des chemins. La baisse constante du nombre de ses membres combinée à l’incertitude d’une interruption de la saison en raison de la COVID-19 questionnent le Club sur l’ouverture de ses sentiers au cours de la prochaine saison hivernale.
Une vingtaine de personnes se sont présentées à la 34e assemblée générale des Avant-Gardistes le 14 septembre dernier. De l’avis du président sortant Sylvain Lemieux, cet engouement est plutôt exceptionnel.
« Plusieurs se demandent si le gouvernement ne va pas mettre un terme à notre saison comme l’hiver passé, à cause de la COVID. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas accueilli autant de gens à notre AGA », raconte-t-il.
Au nombre de 250 durant les « belles années », le membership oscille désormais autour d’une centaine de personnes. Ces précieuses cartes de membres qui sont aujourd’hui moins prisées représentent non seulement une source de financement importante pour le Club, mais elles permettent également aux amateurs de quad de la région de circuler sur les sentiers fédérés du Québec, dont l’entretien des 65 km situés entre la route 204 dans L’Islet et la route 289 au Kamouraska est sous la responsabilité des Avant-Gardistes, et cela, quatre saisons par année.
« Les amateurs de quad ne sont pas moins nombreux qu’avant. Au contraire, de plus en plus de gens en possèdent, mais ils ne veulent plus payer pour leurs cartes de membres », indique Sylvain Lemieux.
Le président sortant explique cette problématique en partie par le travail acharné réalisé par son club à négocier des droits de passage avec les agriculteurs et les municipalités de la région au cours des dernières années, afin d’être en mesure de lier, notamment, les localités du littoral aux sentiers fédérés situés principalement dans l’arrière-pays kamouraskois. Au final, nombre de quadistes empruntent ces chemins sans jamais rejoindre les sentiers fédérés. Ils ne voient donc plus la pertinence de payer leur adhésion à un Club.
« On est en quelque sorte victime du travail qu’on a réalisé. Ça fait presque 35 ans qu’on travaille d’arrache-pied avec les municipalités et les agriculteurs de la région pour bâtir un réseau qui donne accès à des services d’essence, de restauration et d’hébergement dans les villages. Notre réseau fait l’envie de bien d’autres clubs au Québec et les touristes sont nombreux à y circuler, mais des gens de chez nous jugent qu’ils n’ont pas à payer pour l’emprunter. »
Conséquences multiples
Pour Sylvain Lemieux, cette situation a de multiples conséquences. D’une part, moins de membres signifie également moins de bénévoles et de relève au sein du conseil d’administration du club. Il se qualifie d’ailleurs de président sortant depuis quelques années pour cette raison. D’autre part, l’enveloppe budgétaire pour l’entretien des sentiers est moins importante. Et avec le spectre d’une nouvelle fermeture des sentiers cet hiver à cause de la COVID-19, Sylvain Lemieux craint que le nombre de membres ne fonde comme neige au soleil cette année, ce qui mettrait à mal les finances du Club.
« L’idéal serait que l’adhésion à un club soit obligatoire et inclut dans le montant des immatriculations. Le gouvernement pourrait nous retourner de l’argent de cette façon, par le biais de la Fédération, pour l’entretien du réseau », suggère-t-il.
En attendant, le président sortant des Avant-Gardistes implore les municipalités du territoire de faire des demandes auprès de la Sûreté du Québec afin qu’elle surveille davantage les délinquants qui circuleront sur les sentiers sans leurs cartes au courant de l’hiver. Davantage d’argent pour l’entretien hivernal des sentiers sera aussi demandé à la Fédération québécoise des clubs de quads, dit-il.
« Autrement, c’est simple, on va fermer, c’est tout, et on ne sera qu’un club d’été. Pas sûr que les services d’hébergement, les dépanneurs, les stations d’essence et les restaurants de la région qui en arrachent déjà beaucoup cette année à cause de la COVID seront heureux de cette situation », conclut-il.